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Les Belles Lettres
-
Rolling Thunder : Sur la route avec Bob Dylan
Sam Shepard, Ken Regan
- Les Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 5 Février 2025
- 9782251456515
À l'automne 1975, alors que l'Amérique était en proie à la folie du bicentenaire,
Bob Dylan et sa revue Rolling Thunder - un spectacle de divertissement hétéroclite
que Dylan envisageait comme un cirque itinérant - ont effectué une tournée dans 22
villes du nord-est des États-Unis. Parmi l'équipe de choc composée de Joni Mitchell,
T-Bone Burnett, Allen Ginsberg, Mick Ronson, Joan Baez, Arlo Guthrie et Ramblin'
Jack Elliott, se trouvait le dramaturge Sam Shepard, ostensiblement engagé pour
écrire le scénario d'un film à la Fellini qui devait découler de la tournée, et qui ne
sortira finalement jamais.
Tout au long des péripéties de ses voyages avec Dylan et la troupe, Shepard a
également tenu un impressionnant « journal de bord » de la vie sur la route. Publié
peu après la fin de la tournée, il est rapidement devenu un classique pour les fans de
Dylan.
Rolling Thunder capture la camaraderie, l'isolement, les manigances et le
déchaînement de drogues de la tournée, offrant une vue d'ensemble du talent
singulier de Dylan, de son charisme énigmatique et de sa vision de l'Amérique.
-
Joseph Fouché, portrait d'un homme politique
Stefan Zweig
- Les Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 8 Octobre 2021
- 9782251452227
Traduction nouvelle intégrale.
Le Fouché (1929) de Stefan Zweig occupe une place à part dans la série des Vies. L'ouvrage a pour cadre la France de la Révolution et de l'Empire. L'existence de celui qui fut associé à la Terreur, au règne napoléonien et à la Restauration comme « massacreur » et policier impitoyable n'est comparable à aucune autre.
À bonne distance de la perspective universitaire illustrée par Louis Madelin (1901), Zweig s'est attaché à retracer la genèse psychologique d'une personnalité dont la cuirasse construite dans les épreuves et les humiliations fait obstacle à tout sentiment de sympathie de la part du lecteur.
Chronologique, le récit est découpé en une suite de neuf chapitres. Son trait spécifique est une exceptionnelle intensité dramatique. Les face-à-face de Fouché avec Robespierre jusqu'à Thermidor puis avec un Napoléon dérivant vers la tyrannie avant d'être entraîné dans une chute inexorable, théâtralisent les moments clés d'une histoire aux retournements inattendus. Ces instants où opportunisme, conquête et volonté de conservation amorales du pouvoir se mêlent inexorablement, sont, aux yeux de Zweig, l'image désespérante du temps présent.
Le succès de Stefan Zweig auprès du public français ne se dément pas. Son exploration des mouvements de l'âme continue de fasciner tout comme séduit l'élégance stylistique de ce Viennois cosmopolite. La fiction toutefois n'est pas seule à nourrir son art du récit. L'histoire elle aussi n'a cessé de le requérir.
La suite de ses biographies non romancées (les Vies) découvre un agencement virtuose du matériau légué par les historiens. Tous ces textes donnent à voir un artiste que son refus de l'engagement militant rend paradoxalement plus sensible aux menaces qui pèsent sur les sociétés européennes de son temps.
Nouveauté dans le choix du protagoniste : Fouché, dont il est question dans ce volume, est aux antipodes des hautes figures positives incarnées par Érasme et Castellion dont « le ministre de toutes les polices » est l'absolue face noire. L'humanisme zweigien se lit cette fois par contraste.
Pour autant, il ne perd rien de sa force.
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Mémoires poétiques d'explorateurs
Elodie Broussard, Amandine Comte
- Les Belles Lettres
- 4 Octobre 2024
- 9782251455778
Convoquer un souvenir poétique, c'est l'exercice auquel se sont livrés vingt-cinq explorateurs français.
Ils dévoilent dans ce recueil le récit de leur rencontre avec la grâce, sous toutes ses formes, du fond des océans à l'espace, en passant par les régions polaires et les plus hauts sommets terrestres. Par l'enfance et les rencontres bouleversantes aussi. Leur émotion est encore vive à l'évocation de ces moments intimes, parfois enfouis par pudeur dans la mémoire d'une vie remplie d'aventures.
Marin, plongeur, scientifique, réalisatrice, géographe, alpiniste, spéléologue, astronaute, aventurière, inventeur, photographe animalier... ils font ici un pas de côté, à distance de leurs exploits, pour léguer un héritage immatériel précieux : ces instants suspendus qui ont touché leur âme. -
Antifragile : les bienfaits du désordre
Nassim Nicholas Taleb
- Les Belles Lettres
- 10 Septembre 2020
- 9782251451350
Avec ce provocant paradoxe, Nassim Nicholas Taleb, l'auteur du best-seller Le Cygne Noir, nous offre un enseignement d'une portée révolutionnaire : comment non seulement surmonter les cataclysmes de notre temps - ces Cygnes Noirs qui fondent sur un homme, une culture, une civilisation, les bouleversent et les réduisent à néant -, mais en faire une source de bienfaits.
De même que le corps humain se renforce à mesure qu'il est soumis au stress et à l'effort, de même que les mouvements populaires grandissent lorsqu'ils sont réprimés, de même le vivant en général se développe d'autant mieux qu'il est confronté à des facteurs de désordre, de volatilité ou à quoi que ce soit à même de le troubler. Cette faculté à non seulement tirer profit du chaos mais à en avoir besoin pour devenir meilleur est « l'antifragile », à l'image de l'antique Hydre de Lerne dont les têtes se multipliaient à mesure qu'elles étaient coupées.
Riche, limpide et spirituel, promenant son lecteur dans les rues tonitruantes de Brooklyn, les chemins de la pensée antique, les dédales de l'affaire Kerviel, de la « gauche caviar » ou les méandres des neurosciences avec autant d'aisance et de légèreté profonde, ce livre, dont la science n'est jamais sans conscience, laisse une question en suspens : êtes-vous prêt à devenir antifragile ?
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Auteur favori aux Enfers ? Commence une quête qui va confronter le dieu fantasque aux dures réalités du monde des ombres : des grenouilles qui le célèbrent dans un grotesque chant moderniste, un monstre puant, des coups. L'art ne sert alors à rien.
Chez les morts, Dionysos doit arbitrer un conflit entre Eschyle et Euripide. Aristophane offre aux spectateurs un concours tragique qui n'a jamais eu lieu, puisque Euripide a commencé sa carrière juste après la mort d'Eschyle. Le combat analyse des poétiques opposées et montre leurs ridicules : l'art sublime d'Eschyle, qui produit de la réalité grandiose, mais abrutit les spectateurs; ou au contraire l'art d'Euripide, qui prétend enseigner le langage et la dialectique aux Athéniens, mais qui, trop subtil, les rend inefficaces et fourbes.
Dionysos choisit Eschyle : Athènes, tout près d'être défaite dans sa guerre avec Sparte (hiver 405), a besoin d'un auteur qui rappelle un âge ancien et meilleur. Le vieil Eschyle remonté sur terre servira à dénoncer le présent. C'est la comédie qui décide, souverainement, de ce que vaut la tragédie et des besoins politiques de la cité.
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La derniere partie de cartes
Mario Rigoni Stern, Marie-Helene Angelini
- Les Belles Lettres
- Domaine Étranger
- 19 Août 2022
- 9782251453439
Dans cet ultime livre, Mario Rigoni Stern raconte son expérience de jeune homme pendant la Seconde Guerre mondiale, de son enrôlement dans les troupes alpines à seulement dix-sept ans aux campagnes en Grèce, en Albanie et en Russie. À chaque page, l'autobiographie se confond avec l'histoire collective, pour se disperser ensuite dans le ruisseau d'histoires individuelles - ces épisodes apparemment marginaux qui recèlent un autre sens de l'histoire. C'est ainsi que, par à-coups et par fragments, l'histoire d'un homme et d'une époque nous parvient.
Voici un livre « mince en pages mais dense en vie », une distillation précieuse dans laquelle Rigoni Stern concentre un demi-siècle de son écriture d'une manière totalement nouvelle. -
D'un monde qui n'est plus
Israël Joshua Singer
- Les Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 13 Janvier 2023
- 9782251453903
Écrit par l'un des grands maîtres de la littérature yiddish, cette autobiographie, au-delà de sa valeur historique, demeure un témoignage unique sur un shtetl polonais de la fin du XIXe aux débuts du XXe siècle. D'un monde qui n'est plus évoque avec tendresse et précision les souvenirs d'enfance d'Israël Joshua Singer. Ces Mémoires nous emportent dans l'atmosphère pittoresque du shtetl de Lentshin, non loin de Varsovie, où s'est réfugiée - sous la houlette du père d'Israël Joshua Singer, le rabbin Pinhas Mendel - une communauté de Juifs paysans expulsés de leurs villages par la police russe. À travers le regard de l'enfant, on plonge dans un quotidien pétri de croyances et de rituels où le mauvais oeil attend au coin de la rue. On découvre les secrets de chacun, l'austérité de la vie au shtetl, mais aussi les déchirements identitaires et les discriminations qui bouleversent les communautés juives polonaises en ce début de XXe siècle.
-
Et mon fantôme en rit encore : Carnet d'un écrivain
William Somerset maugham
- Les Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 5 Avril 2024
- 9782251455433
« Il m'aurait paru impertinent de faire paraître un tel livre alors
que j'étais en pleine activité littéraire ; j'aurais eu l'air de
m'attribuer une importance offensante pour mes confrères ;
mais je suis un vieillard, désormais, et ne puis être un rival pour
personne car je me suis retiré du tumulte et de la confusion
pour m'installer dans une retraite confortable. »
Lorsqu'il publie ses Carnets, en 1949, Somerset Maugham
(1874-1965) est au faîte de sa carrière d'écrivain. Durant plus
d'un demi-siècle, de 1892 à 1944, il a consigné dans ces pages
les analyses les plus lucides et les plus féroces sur la société
post-victorienne, sur lui-même et sur son oeuvre. Il n'a plus rien
à perdre et se livre à un règlement de comptes très anglais avec
le milieu littéraire de son époque. Somerset Maugham excelle
dans la confession.
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Stefan Zweig, génie de la nouvelle psychologique (Amok, 1922 ; Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, 1925 ; Le Joueur d'échecs, 1942, etc...) est entré tôt en dialogue avec le fondateur de la psychanalyse. Dans l'essai qu'il lui consacre en 1931, il trace de lui un portrait particulièrement vivant. Nourri des multiples entretiens qu'eurent les deux hommes, ce texte s'enracine dans la « conception intuitive » qu'avait Zweig de cette nouvelle discipline.
L'auteur du Monde d'hier ne fut pas un freudien « de stricte observance ». À l'instar de Freud lui-même, il craignait l'utilisation de la méthode par des « mains maladroites ». Mais surtout l'hommage sincère qu'il rend à une figure à ses yeux incomparable allait de pair avec une prise de distance sur des points importants. Les impulsions reçues comme les convergences mises au jour se doublent ainsi du souci de sauvegarder l'autonomie de sa vision et celle de la création littéraire.
À bonne distance des thuriféraires et des renégats, Zweig nous a laissé une présentation exceptionnelle de l'homme Freud, des grands motifs, révolutionnaires, qui structurent ses écrits, de l'évolution de son oeuvre, de Vienne à l'exil londonien. -
« Le grand homme est trop souvent fait d'une pièce ; c'est l'homme moyen qui est une multitude d'éléments contradictoires. Il est inépuisable. Vous n'arrivez jamais au bout des surprises qu'il vous réserve ». Quand Maugham publie The Summing up en 1938, son nom est devenu une légende dans le théâtre, le roman et la nouvelle. Il avait dans l'idée de raconter l'apprentissage de son métier d'écrivain. « Il me semblait que je voyais beaucoup de choses qui échappaient aux autres », note-t-il.
« Il paraît incroyable que le simple bon sens puisse nous éblouir, qu'un tel esprit puisse nous enchanter : tel est le cas de ce livre » écrivit Jorge-Luis Borges au moment de sa parution. The Summing up se lit comme une conversation intime avec un des plus grands esprits du XXe siècle. -
Ma vie
Golda Meir, Hortense Chabrier
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 8 Septembre 2023
- 9782251454627
Golda Meir était sans aucun doute l'une des femmes les plus incroyables de son époque - et de toutes les époques. Née en 1898 à Kiev, fille d'un charpentier pauvre, elle est devenue la première (et la seule) femme Premier ministre d'Israël. Le premier souvenir de Meir est celui de son père barricadant la porte d'entrée en réponse aux rumeurs d'un pogrom imminent. La famille a émigré aux États-Unis et, pendant un certain temps, Meir a vécu avec sa soeur, où elle a été exposée à des débats sur le sionisme, le droit de vote des femmes, la littérature et le socialisme. Elle devient enseignante et, après son mariage, émigre à nouveau en Palestine, où elle s'installe dans un kibboutz. Toujours active sur le plan politique, elle est devenue le premier envoyé d'Israël à Moscou, a été promue ministre des affaires étrangères et a finalement été élue Premier ministre, à la tête d'Israël. Dans son autobiographie, elle écrit : « Pour moi, être juive signifie et a toujours signifié être fière de faire partie d'un peuple qui a maintenu son identité distincte pendant plus de 2 000 ans, malgré toutes les souffrances et tous les tourments qui lui ont été infligés. »
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L'Éternité, montre en main..., journal intime qui dérogerait aux règles du genre, routinières, contraignantes, est le premier volume d'un livre d'une vie, où l'intime côtoie le grand large. « Passer du coq à l'âme » est la vocation de ces pages ironiques, agacées, drôles, heureuses, mélancoliques, détachées, sombres, passionnées ou désenchantées, mais surtout libres..., bornes militaires d'une vie, écriture fragmentaire, où l'auteur se dessine peu à peu.
À Paris où il vit depuis quarante ans, dans sa thébaïde en Vendômois, dans ses voyages à travers le monde, c'est à un exercice de haute vertu qu'il se voue : l'observation de ses contemporains à travers des rencontres multiples, avec parfois des figures bien connues de la littérature, du cinéma, du théâtre, dans un style vif, étincelant, à l'humour souvent décapant. -
Ultima necat V : journal intime 1994-1995
Philippe Muray
- Les Belles Lettres
- 1 Mars 2024
- 9782251455242
La publication du Journal de Philippe Muray, commencée en 2015, s'achève avec ces deux derniers volumes qui couvrent les années 1994 à 1997.
Comme dans les précédents, notées presque quotidiennement, on y trouvera ses réflexions sur la littérature, sur le long chantier de son roman, constamment interrompu par des travaux alimentaires et traversé par des phases de profond découragement. Mais ce qui ne fluctue jamais, c'est son observation aiguë du monde qui l'entoure, son diagnostic implacable sur les transformations sociales opérées sous la bannière du Bien, ce nouveau totalitarisme qui ne laisse plus place désormais à la singularité ni à la liberté. On y verra aussi de saisissants portraits - Hallier, Sollers, Kundera, Houellebecq -, de subtiles analyses des événements politiques - la fin de Mitterrand, le procès Papon -, ou de faits divers marquants.
Lutter contre le consensus général exige une énergie considérable et une certaine brutalité dans la pensée comme dans les termes : on aura compris que ce Journal n'est pas un catalogue de bons sentiments mais un combat solitaire et violent pour la vérité. Muray ne cherche nullement à convaincre ni à se faire aimer, mais à comprendre, et ses constats éclairent avec une extraordinaire prescience notre monde d'aujourd'hui.
L'année finale, 1997, marque un tournant pour Muray, puisque paraissent enfin aux Belles Lettres son roman On ferme, ainsi que les deux premiers volumes de ses Exorcismes spirituels. Par la suite, de son propre aveu - « le coeur n'y est plus », écrit-il en 1998 -, le Journal cessera d'occuper une place centrale et se réduira à des notes « pour mémoire », désormais sans projet littéraire. -
Walter Benjamin : histoire d'une amitié
Gershom Scholem
- Les Belles Lettres
- Le Goût De L'Histoire
- 7 Octobre 2022
- 9782251453453
Gershom Scholem et Walter Benjamin, deux Juifs berlinois appartenant à la même génération, refusent d'emblée le mensonge et le confort. Scholem quitte dès 1923 Berlin pour Jérusalem. Il y édifiera une oeuvre magistrale. À ses certitudes s'opposent les hésitations de Benjamin, la dispersion de ses écrits, la précarité de ses entreprises universitaires et littéraires, son balancement entre les séductions du marxisme et un sentiment très vif de son appartenance au judaïsme. Il envisagera même de s'installer en Palestine.
Témoin lucide, Scholem évoque les phases et les lieux de cette amitié : le Berlin de la guerre et de l'après-guerre, la Suisse, le Paris de 1927 et de 1938. Lettres à l'appui, il apporte des précisions sur l'attitude de Benjamin envers le sionisme et le communisme, sur ses relations avec d'autres figures des lettres allemandes de son temps : Brecht, Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Adorno, Horkheimer et l'École de Francfort. Il retrace la formation de la pensée de Benjamin, sa conception du rôle du critique littéraire, ses goûts artistiques, sa position ambiguë devant le marxisme. Il constate son double refus ; ni Moscou, ni Jérusalem, puis le caractère tragique de son exil : pour Benjamin, chassé d'Allemagne par le nazisme en 1933, Paris, « capitale du XXe siècle », siège d'une littérature dont il est le critique et le traducteur (Baudelaire, Proust), sera un lieu de solitude et d'angoisse avant le suicide d'octobre 1940 à la frontière espagnole. Au moment où l'oeuvre de Walter Benjamin est l'objet d'une attention croissante, cet essai de Gershom Scholem est une contribution essentielle à sa compréhension. -
Ultima necat VI : journal intime 1996-1997
Philippe Muray
- Les Belles Lettres
- 1 Mars 2024
- 9782251455259
La publication du Journal de Philippe Muray, commencée en 2015, s'achève avec ces deux derniers volumes qui couvrent les années 1994 à 1997.
Comme dans les précédents, notées presque quotidiennement, on y trouvera ses réflexions sur la littérature, sur le long chantier de son roman, constamment interrompu par des travaux alimentaires et traversé par des phases de profond découragement. Mais ce qui ne fluctue jamais, c'est son observation aiguë du monde qui l'entoure, son diagnostic implacable sur les transformations sociales opérées sous la bannière du Bien, ce nouveau totalitarisme qui ne laisse plus place désormais à la singularité ni à la liberté. On y verra aussi de saisissants portraits - Hallier, Sollers, Kundera, Houellebecq -, de subtiles analyses des événements politiques - la fin de Mitterrand, le procès Papon -, ou de faits divers marquants.
Lutter contre le consensus général exige une énergie considérable et une certaine brutalité dans la pensée comme dans les termes : on aura compris que ce Journal n'est pas un catalogue de bons sentiments mais un combat solitaire et violent pour la vérité. Muray ne cherche nullement à convaincre ni à se faire aimer, mais à comprendre, et ses constats éclairent avec une extraordinaire prescience notre monde d'aujourd'hui.
L'année finale, 1997, marque un tournant pour Muray, puisque paraissent enfin aux Belles Lettres son roman On ferme, ainsi que les deux premiers volumes de ses Exorcismes spirituels. Par la suite, de son propre aveu - « le coeur n'y est plus », écrit-il en 1998 -, le Journal cessera d'occuper une place centrale et se réduira à des notes « pour mémoire », désormais sans projet littéraire. -
Journal : 1891-1898
Pierre de Nolhac, Martine De La Forest Divonne
- Les Belles Lettres
- 23 Mai 2025
- 9782251457017
« J'ai menti », écrira-t-il en 1894.
Comment ?
Dans ces pages inédites et intimes, Pierre de Nolhac, figure majeure de la conservation patrimoniale, personnalité de premier plan à la vie en bascule entre deux siècles, le XIXe finissant et le XXe naissant, nous livre un témoignage unique sur les prémices de la métamorphose de Versailles et ses coulisses, à hauteur d'homme : une plongée fascinante dans l'âme d'un des plus grands serviteurs du patrimoine français.
À travers ses carnets, l'érudit mélancolique se révèle dans toute son ambivalence : tiraillé entre ses aspirations scientifiques et littéraires et l'obsession grandissante pour le château, qu'il entreprend de sauver de l'oubli.
Derrière l'image du conservateur se dessine un homme tourmenté, soucieux de transmission et hanté par la fuite du temps. Nolhac dissèque avec une acuité remarquable les enjeux intellectuels et institutionnels : réseaux littéraires, ambitions académiques, tensions politiques et révolutions muséographiques. Au fil de la lecture, on assiste à la lente emprise de Versailles sur son esprit, jusqu'à faire de lui le premier historien du fonctionnement du palais et l'architecte de sa renaissance.
Un document d'une rare richesse, où la rigueur historique se mêle aux fulgurances introspectives d'un écrivain scrupuleux, dans toute sa complexité, érudit, stratège, poète et homme de doutes.
Historien, poète et conservateur, Pierre de Nolhac (1859-1936) fut l'un des grands artisans de la renaissance de Versailles.
Directeur du musée du château de 1892 à 1920, il mena une ambitieuse politique de restauration et de réinterprétation historique du palais, contribuant à sa préservation et à son rayonnement international. Avant de consacrer sa vie à Versailles, il fut un spécialiste de la Renaissance italienne, notamment par ses travaux sur Pétrarque. Il publia de nombreuses monographies sur les Médicis et la cour des Valois, témoignant de son goût pour l'histoire intellectuelle et artistique de l'Europe. Élu à l'Académie française en 1922, Nolhac entreprit au cours de sa carrière une métamorphose du château de Versailles, à rebours du musée de Louis-Philippe du siècle précédent. L'institution doit encore aujourd'hui beaucoup à ce visionnaire. -
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. De 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur.
Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d'imaginer qu'il va devenir monumental. Il s'agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d'un exceptionnel observateur.
Les premiers temps sont rudes, bouleversés par la Grande Guerre. Réformé, il souffre d'être considéré comme un planqué mais, devant les conseils de guerre, il apprend le métier.
Et quand il ne travaille pas, il décrit l'atmosphère qui s'alourdit. Jusqu'à l'armistice qu'il « couvre » comme un reporter. Il en a l'oeil et se débrouille pour être partout où il se passe quelque chose, comme plus tard, au Bourget, à l'arrivée de Charles Lindbergh.
Familier des estaminets du Quartier latin, il rencontre des artistes, des auteurs qu'il se fera une spécialité de défendre. Et les clients affluent, l'obligeant parfois à négliger son journal.
Entre plaidoiries de routine et intérêts de Coco Chanel, il parvient à courir les premières et, plus inattendu, à satisfaire sa curiosité pour le paranormal.
Les scandales des années 1930 lui donnent matière à réflexion, penché sur un dossier proche de l'affaire Stavisky. Son mépris de la corruption des confrères députés, présidents du Conseil passés et futurs, s'épanche, sans parler de ses colères à l'encontre des magistrats.
Maurice Garçon mord mais n'est pas lui-même à l'abri des préjugés racistes et antisémites. Il ouvre les yeux à Berlin, peu après la Nuit de Cristal, alors qu'il va représenter la famille du diplomate assassiné par Herschel Grynszpan. La guerre, à nouveau, sera bientôt là. -
Primo Levi et Tullio Regge - le premier chimiste, le second physicien - s'entretiennent à bâtons rompus des années de formation, de leur profession respective, des responsabilités de la science et de l'avenir de l'homme, mais aussi de la naissance de l'univers, des plus récentes hypothèses de la physique (des particules élémentaires à la cosmologie) et des diverses étapes de ce « roman » scientifique qu'a été la formulation de la théorie de la relativité, ainsi que du débat passionné auquel elle a donné lieu. Lors d'un séjour prolongé à Princeton, Regge a eu l'occasion de côtoyer des personnalités comme Oppenheimer, Gödel, Heisenberg, Dyson, qu'il évoque longuement dans cette conversation où plane en permanence l'ombre immense d'Einstein. Ce dialogue sans prétention, plein d'humour et de fantaisie, offre en outre un savoureux autoportrait involontaire des deux interlocuteurs.
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Il est cinq heures, le cours est terminé : Bergson, itinéraire
Michel Laval
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 13 Janvier 2023
- 9782251453910
« Il est cinq heures, le cours est terminé » sont les dernières paroles prêtées à Henri Bergson sur son lit de mort début janvier 1941 à Paris.
Avec Bergson disparaissait « le dernier grand nom de l'intelligence européenne » (Paul Valéry). Né au milieu du siècle précédent, Bergson avait suivi un itinéraire à nul autre pareil qui le conduisit des salles obscures d'une pension israélite à Paris où ses parents l'avaient abandonné enfant, aux cimes éblouissantes de l'École normale supérieure, de l'agrégation de philosophie, du Collège de France, de l'Académie française et du Prix Nobel de ittérature, en laissant derrière lui une oeuvre magistrale nimbée, comme d'une poussière d'étoiles, d'honneurs, de distinctions, de récompenses et de titres.
Ascension vertigineuse, qui porta Bergson à l'apogée de la gloire et même de cette « rallonge bizarre de la gloire qu'est la légende » (Thibaudet), mais qui s'acheva dans la désolation d'une nuit d'hiver où la France qu'il chérissait tant, s'enfonçait dans la honte de la collaboration et de la persécution des Juifs dont il ne voulut pas se désolidariser en renonçant à une conversion catholique annoncée.
Plus de quatre-vingts ans après sa disparition, la figure de Bergson s'est estompée comme sur ces vieilles photographies qui avec le temps ne laissent voir que des silhouettes fantomatiques.
Il est cinq heures, le cours est terminé veut replacer dans la lumière celui que Raymond Aron sacrait « le plus français des philosophes ». -
Marie-Antoinette : portrait d'une personne ordinaire
Stefan Zweig
- Les Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 15 Septembre 2023
- 9782251454696
Paru en 1932, ce texte est à l'origine la deuxième des six biographies que Stefan Zweig consacre, entre 1929 et 1938, à des figures historiques qu'il considère comme représentatives d'une culture européenne menacée. La montée du nazisme et de l'austrofascisme exige selon lui une prise de position par la littérature, mais sans adhésion formelle à un programme d'action politique. Le choix de la Révolution française depuis son déclenchement jusqu'aux journées sanglantes de la Terreur, définit un cadre historique de référence en consonance avec le présent.
Zweig puise aux meilleures sources en privilégiant les documents originaux. Le traitement qu'il en fait est toutefois littéraire, l'histoire étant pour lui « maîtresse de fiction ». Son récit, chronologique, est celui d'une vie ballotée par les bouleversements du temps. Centrée sur un personnage unique, sa démarche se différencie radicalement de la biographie romancée grâce à une psychologie aux accents parfois freudiens.
En parlant de « personne ordinaire » à propos de la Reine, Zweig rejette la thèse, royaliste, du martyre comme celle qui réduit l'« Autrichienne » à une intrigante coupable de trahison. Le chemin qui la conduit de l'insouciance juvénile aux humiliations du Temple et à la montée à l'échafaud élève son destin au rang du tragique. Vaincue de l'histoire, Marie-Antoinette témoigne par son attitude devant le Tribunal révolutionnaire et face au bourreau d'une possibilité de grandeur morale en un temps de périls extrêmes -
Espérer pour la France ; mémoires d'un compagnon de la libération
Hubert Germain, Marc Leroy
- Les Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 22 Octobre 2020
- 9782251451411
À cent ans, Hubert Germain est l'un des quatre Compagnons de la Libération encore en vie. « Quand le dernier d'entre nous sera mort, la flamme s'éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd'hui en France des braises ardentes ! » C'est le message que veut laisser dans ce témoignage inédit, celui qui, à 19 ans, rallia la France libre dès les premiers jours. Lors de leur rencontre à Londres, le général de Gaulle lui dit simplement : « Je vais avoir besoin de vous. » Chevalier de la Légion d'Honneur à 21 ans, Compagnon de la libération deux ans plus tard - « Quand vous êtes reçu comme Compagnon, c'est comme si la foudre vous tombait dessus » -, il sera aussi maire, député puis ministre de Georges Pompidou. Légionnaire de la mythique 13e DBLE, il a combattu à Bir Hakeim, El Alamein, en Italie où il est blessé, puis durant toute la campagne de libération de la France. « Vous m'emmerdez avec Germain ! », rétorque le général de Gaulle alors qu'on le presse, vingt ans plus tard, d'écouter celui qu'on a envoyé rencontrer les émissaires des généraux putschistes d'Alger. Hubert Germain pardonne tout à celui qu'il considère comme son deuxième père.
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Ainsi fut Auschwitz : témoignages (1945-1986)
Leonardo De Benedetti, Primo Levi
- Les Belles Lettres
- Le Goût Des Idées
- 15 Février 2019
- 9782251449104
En 1945, après la Libération, l'armée soviétique qui contrôlait le camp pour les ex-prisonniers de Katowice en Pologne, a demandé à Primo Levi et Leonardo De Benedetti, son compagnon de captivité, d'établir un rapport détaillé sur les conditions sanitaires du Lager (camp).
Le fruit de cette étude, le « Rapport sur Auschwitz », représente un témoignage extraordinaire. C'est l'un des premiers rapports sur les camps d'extermination à avoir abouti. Publié en 1946 dans la revue scientifique Minerva Medica, il présage de l'activité ultérieure de Primo Levi, témoin, analyste et écrivain.
En effet, durant les quatre décennies suivantes, Levi ne cessera jamais de raconter l'expérience du camp au fil de textes de toutes sortes, pour la plupart jamais rassemblés en un seul volume. Des recherches précoces sur le sort de ses propres compagnons à sa déposition pour le procès Eichmann, de la « lettre à la fille d'un fasciste qui demande la vérité » aux articles publiés dans les journaux et revues spécialisées, Ce fut Auschwitz est une mosaïque de souvenirs et de réflexions critiques d'une valeur historique et humaine inestimable.
Un recueil de témoignages, d'enquêtes et d'idées qui, grâce à leur cohérence, à la clarté du style, à la rigueur de la méthode, restitue le Primo Levi que nous reconnaissons aujourd'hui comme un classique.
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Talleyrand - 1754-1838
Georges Lacour-Gayet
- Les Belles Lettres
- Classiques Favoris
- 7 Juin 2024
- 9782251455532
« Je n'ai conspiré dans ma vie qu'aux époques où j'avais la majorité de la France pour complice et où je cherchais avec elle le salut de la patrie. » C'est en ce trait que Talleyrand résume l'état d'esprit d'où proviennent les hauts paradoxes de son action et la prodigieuse longévité de sa présence au pouvoir.
Né à Paris en 1754 dans l'une des plus anciennes familles de la noblesse française, Talleyrand meurt en 1838 à 84 ans. Il est le seul homme à avoir occupé des fonctions majeures et toujours plus prestigieuses au sein de tous les gouvernements qui, de la Couronne de France à la Monarchie de Juillet en passant par la Constituante et l'Empire, se sont confusément succédé. Lui seul sut dominer les événements de cette période si bouleversée de l'Histoire. Ses ennemis n'y virent qu'un traître accélérant les destitutions afin d'en faire son miel : qu'il ait été aussi ambitieux que ceux qui lui firent le reproche de les frustrer de leurs ambitions ne saurait guère suffire à éclairer une si exceptionnelle destinée. « Je n'ai jamais donné un conseil pervers à un gouvernement ou à un prince, mais je ne m'écroule pas avec eux », confiait le prince de Talleyrand, bien décidé à « ne pas se mêler de choses qu'il désapprouverait », car « un gouvernement qu'on soutient est un gouvernement qui tombe... ».
Que ce soit vis-à-vis du Directoire et en faveur de Bonaparte, ou vis-à-vis de Napoléon et en faveur de Louis XVIII, Talleyrand n'a jamais abandonné quiconque qui ne se fût d'abord abandonné lui-même. Lorsque tout s'effondre en un flot de catastrophes suscitées par les idéologies, alors, en prince d'Ancien Régime et en magnifique lecteur de Saint-Simon, Talleyrand se fait une règle de demeurer altier et froid afin que dans l'émotion se découvre un point de stabilité qui fasse souvenir de la France. Pour tenir contre l'idéologie cette position universelle, Talleyrand dresse un mur autour de sa vie intérieure, qu'il cultive en silence, car « la vie intérieure seule peut remplacer toutes les chimères ». Et de son pas boiteux, cet homme affligé d'un pied-bot marche droit son chemin dans un monde branlant. Énigmatique et franc, son sens prophétique édifia les traités internationaux qui donneront à l'Europe du XXe siècle le socle de sa possible pacification et de sa défense collective contre les totalitarismes. On le jugea sur les apparences : l'évêque apostat, l'aristocrate opportuniste, le politique dépravé...
Il y a bien plus à comprendre en cette figure qu'ont admirée Lamartine, Balzac et Goethe. Et il y a tant à apprendre de cet homme qui, concentrant comme Tocqueville la réalité d'un millénaire de Royauté, parvint à lire le sens de son temps et à trouver les remèdes qu'exigeait l'éruption de chaque nouvelle maladie.
Sur Talleyrand l'on a beaucoup écrit. Mais la biographie de référence, la plus vivante, la plus complète, que sa beauté élève au rang d'oeuvre, reste celle de Lacour-Gayet. Elle peint avec génie la vie de l'un des plus brillants hommes politiques que le monde ait connu, qui fut aussi l'un des grands mémorialistes de la littérature. Le livre était épuisé, et les exemplaires qu'on en glanait étaient souvent privés de leurs références. Voici, entière et sans lacunes, l'édition définitive de cette oeuvre classique. -
Ma vie avec Virginia
Leonard Woolf, Micha Venaille
- Les Belles Lettres
- Le Gout Des Idees
- 10 Mai 2016
- 9782251210285
Cette traduction d'un ouvrage jusque-là inédit en français participera à la reconnaissance de l'importance qu'a eue Leonard Woolf dans l'existence de son épouse brillante et tourmentée. En effet, comme l'a déclaré son neveu Cecil Woolf, avec qui il a beaucoup collaboré, « sans lui, [Virginia] n'aurait pas vécu assez longtemps pour écrire ses chefs-d'oeuvre ».
Leonard est en effet le seul à avoir identifié la maladie de Virginia Woolf comme une psychose maniaco-dépressive, diagnostic révolutionnaire à l'époque, avec comme symptôme ses pulsions suicidaires. On en apprend beaucoup sur ses basculements dans la folie, sa violence (parfois même envers lui) ou son anorexie - il passait des heures à essayer de la faire manger.
En dépit de ce contexte tragique, marqué par le spectre de la folie et de la mort, Ma vie avec Virginia est un livre qui, paradoxalement, fait du bien. Leonard Woolf, Juif athée assumé et penseur politique moderne, se révèle comme une personnalité très attachante et pleine d'humanité - en deux mots, un homme bon.