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RAISONS D'AGIR
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Immobilier hors sol : Comment la finance s'accapare nos villes
Marine Duros
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 23 Mai 2025
- 9791097084424
En décembre 2021, après plusieurs années de contestations sociales, les travaux de la Tour Triangle ont démarré : ce gratte-ciel de 180m homologué « Haute Qualité Environnementale » accueillera bureaux, commerces, hôtel 4 étoiles et skybar aux portes du XVe arrondissement parisien. Les propriétaires de cette tour sont Unibail-Rodamco-Westfield, première foncière cotée de l'immobilier commercial au monde, et la filiale immobilière d'Axa IM, troisième fonds immobilier à l'échelle européenne. Pourtant, à deux pas de là, des pancartes « A' louer » sont placardées sur des bureaux vides depuis plusieurs mois. En effet, avec le développement post pandémie du télétravail, le nombre de bureaux vides a doublé en Île-de-France, pour atteindre plus de quatre millions de m2. Par ailleurs, les mises en chantiers de logements sociaux baissent, et les quelques tentatives de reconversion de bureaux en logements restent inaccessibles pour le plus grand nombre. Pourquoi tant de bâtiments restent-ils inoccupés alors qu'1,3 million de personnes sont mal-logées en région parisienne ?
Ce livre propose une plongée dans le monde discret des fonds d'investissement immobiliers parisiens. Il décrypte les pratiques spéculatives des fonds, le fonctionnement des cabinets de conseil qui produisent l'expertise sur les marchés de l'immobilier d'entreprise, et leurs rapports avec les pouvoirs publics. La surproduction de bureaux, l'obsolescence des bâtiments et la hausse des prix de l'immobilier sont pour une part la conséquence des agissements quotidiens d'une myriade d'intérêts financiers peu soucieux de construire des villes justes et durables. Que ce soient des bureaux, des centres commerciaux, des centres d'hébergements d'urgence ou des murs d'EHPAD, l'industrie de la finance s'organise à pas feutrés pour acquérir et faire fructifier des pans entiers de nos villes, au détriment de l'intérêt général. La connaissance des pratiques trop souvent cachées derrière la technicité des débats est donc centrale pour donner des clés de compréhension des processus urbains en cours, et des ségrégations qui en découlent. -
L'eau une affaire d'État : Enquête sur un renoucement écologique
Sylvain Barone
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'agir
- 5 Novembre 2024
- 9791097084400
Cet ouvrage présente les éléments d'économie politique qui ont servi de grille d'analyse à de nombreux travaux écrits ou co-écrits par les auteurs au cours des vingt dernières années sur le bloc bourgeois. S'il permet de dissiper certains malentendus et autres simplifications qui ont pu circuler à propos de ces travaux, il présente surtout en détail les principaux éléments théoriques de leur cadre d'analyse : les relations entre l'économie et le politique, la constitution des blocs sociaux, les différentes composantes de la domination, la façon dont les institutions régulent temporairement et imparfaitement le conflit social. L'ouvrage propose aussi une définition de différents types de crise qui peuvent caractériser une dynamique sociale : crise politique, crise de l'architecture institutionnelle, crise d'hégémonie. Une postface applique cette grille d'analyse aux quinquennats Macron et au projet de transformation néolibérale du modèle socio-économique français.
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Sur la télévision ; l'emprise du journalisme
Pierre Bourdieu
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 26 Novembre 1996
- 9782912107008
Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision. Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication des ces artefacts que sont les images et les discours de télévision. Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du jounalisme, a profondément altéré le fonctionnement d'univers aussi différents que ceux de l'art, de la littérature, de la philosophie ou de la potitique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant la logique de l'audimat, c'est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du plébiscite commercial.
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Les nouveaux chiens de garde
Serge Halimi
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 4 Février 2022
- 9791097084233
Le livre de Serge Halimi aura vingt-cinq ans l'année prochaine...
Depuis, quelques « petites choses » ont changé.
Ou pas : la plupart des journalistes-éditocrates qu'il cite sont toujours en activité, même si, pour beaucoup, la fin de carrière se dessine. Ce qui a changé bien sûr, c'est l'affaissement de l'idéologie du juste-milieu libéral, même si avec Macron le doute reste permis. Mais surtout la perte d'hégémonie des grands journaux bourgeois, la quasi-saturation de l'espace médiatique par des questions « de société » et l'apparition de nouveaux « influenceurs », principalement nichés dans les réseaux sociaux. Un nouvel avant-propos signalera ce genre de chose en même temps qu'il rappellerait que l'hégémonie reste bourgeoise et que les médias reflètent toujours autant, tous supports confondus, le point de vue des classes moyennes cultivées. Au risque d'ailleurs pour eux d'être pris pour cible et associés aux élites. Ce point de vue, rare il y a vingt-cinq ans, est devenu lieu commun aujourd'hui, d'autant que la droite, voire l'extrême droite, l'a repris et le martèle avec un certain succès international (Trump). C'est la mauvaise récupération de ces analyses. La popularité du thème des « fake news » sera également évoquée.
En annexe figurent les commentaires critiques ou haineux du livre par les journalistes que l'auteur attaque. Avec le temps, presque tous ont réagi, et c'est assez drôle...
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Ecolos, mais pas trop... : Les classes sociales face à l'enjeu environnemental
Jean-Baptiste Comby
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'agir
- 19 Avril 2024
- 9791097084363
Si une large part de la population est convaincue de la nécessité d'une transition écologique, l'écologie peine encore à se définir comme une force politique et une cause sociale, tant elle reste dispersée entre des intérêts souvent antagoniques. Ce livre établit clairement les raisons de cette dispersion, pour défendre la possibilité d'un programme écologique progressiste, capable de se constituer autour d'un bloc populaire et majoritaire.
Deux pôles se disputent aujourd'hui la légitimité de l'écologie politique. Le premier se satisfait d'une modernisation des appareils productifs, en s'en remettant aux promesses de la finance verte ou de la géo-ingénierie?; faute de bouleverser l'ordre social, il n'accouche d'aucun changement à la mesure de la crise écologique. Le second promeut une vision exclusive et maximaliste du changement qui vise à transformer en profondeur les manières d'habiter la planète, mais qui oublie d'en interroger les conditions sociales de possibilité ; il suscite la perplexité faute de tracer une voie réaliste, effective et mobilisatrice. C'est bien parce qu'elle est frappée de cécité sociale que l'écologie politique, dans ses différentes composantes, se brise sur la puissante inertie des structures collectives. Avant même de débattre d'un avenir durable, il est alors nécessaire d'opérer un retour sur les conditions d'une adhésion massive à une écologie de la transformation. À rebours des conceptions individualistes et apolitiques du monde, le débat écologique doit tenir compte des mécanismes sociaux qui font que, malgré le désastre en cours, la logique capitaliste se perpétue.
Dans un contexte où il est de bon ton, dans les milieux militants ou institutionnels, de parler d'une «?écologie populaire?», l'écologie n'en reste pas moins écrite depuis le haut de l'espace social, avec une tendance marquée à invisibiliser les différentes facettes de l'injustice écologique?: l'inégale vulnérabilité aux dégâts environnementaux de toutes sortes?; les inégalités d'accès et d'usages aux espaces naturels et aux pratiques culturelles qui peuvent s'y tenir ; l'inégal accès aux arènes publiques où les problèmes environnementaux sont traités ; les contributions différenciées des modes de vie ou des activités professionnelles aux nuisances écologiques.
L'analyse de l'inégale distribution des coûts et profits associés à la question environnementale doit saisir précisément où et comment cette condition écologique se différencie dans l'espace social. Plus les fractions d'une classe sociale sont fragmentées, plus il est compliqué pour ses membres d'élaborer des intérêts communs, et plus elle est fragile politiquement. Or en l'état actuel du monde tel qu'il (ne) va (pas), les politiques de l'écologie adoucissent les frontières entre les fractions de la classe dominante mais accentuent celles qui traversent les mondes populaires. Elles sont donc vouées à reconduire un ordre social écocidaire. La perspective sociologique exposée dans ce livre permet d'esquisser la façon dont l'écologie pourrait devenir un levier non plus de fragmentation mais d'intégration politique. C'est en effet en combattant les fondements matériels de l'inégale condition écologique des classes sociales que pourront se reconstituer des alliances entre classes moyennes et classes populaires en faveur d'une organisation sociale faisant de l'écologie l'un de fondements du vivre-ensemble. -
Ultime recours : accidents du travail et maladies professionnelles en procès
Delphine Serre
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'agir
- 4 Octobre 2024
- 9791097084349
La défense des intérêts des travailleurs ne se joue plus seulement dans les rapports de forces directs entre salariés et employeurs. Le droit du travail et le système de protection social définissent un cadre légal pour garantir ces intérêts et c'est de plus en plus devant les instances judiciaires que se joue leur défense. Le monde de la justice n'est pas le monde irénique où se réalise une prise en compte équitable des intérêts, immune aux inégalités sociales parfois immenses entre les partis en présence. Victimes d'accidents ou de maladies dont ils voudraient faire reconnaître l'origine professionnelle, des salariés sont pris dans un jeu où ils sont confrontés aux caisses d'assurance maladie et aux employeurs. Ces derniers, pour leur part, n'hésitent pas à attaquer les caisses toujours trop promptes à leurs yeux à valider l'origine professionnelle des maux du travail. Pour faire apparaître comment la souffrance au travail se voit reconnue par le droit, l'ouvrage s'appuie sur une enquête menée sur six ans dans huit juridictions dans lesquelles toutes les parties juridiques en présence (juges, assesseurs, représentant·es des caisses, avocat·es d'employeurs et de salariés) ont été interrogées en regard de l'analyse fouillée d'une trentaine d'audiences. La justice procède d'une alchimie qui transmute les requêtes profanes des justiciables en attendus qualifiés juridiquement. Mais cette alchimie ne prend pas en compte de la même manière toutes les formes des douleurs du travail, les lésions physiques, les troubles musculosquelettiques ou les dépressions. Et à ce jeu les femmes sont le plus souvent perdantes. Apparaît ainsi comment, à l'insu de ceux qui agissent au nom du droit, les inégalités de classe et de genre façonnent les affaires traitées, les pratiques de jugement et les chances d'obtenir gain de cause.
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Oranges amères : un nouveau visage de l'esclavage en Europe
Gilles Reckinger
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 7 Avril 2023
- 9791097084288
La migration depuis les pays des Sud vers l'Europe est la plupart du temps présentée dans les médias comme une invasion et une menace. En réalité cette « crise migratoire » révèle les ambivalences des politiques européennes. Invoquant un argument « humanitaire » de protection des migrants (des passeurs criminels et du risque mortel de la traversée de la Méditerranée), l'UE s'efforce d'empêcher tout mouvement dès son départ. En réalité, le passage en bateau vers l'Europe n'est que le dernier moment d'un long voyage qui a été marqué par de nombreux dangers bien avant d'atteindre la mer. Les témoignages présentés montrent comment les migrants se retrouvent emprisonnés pendant des années, sans papiers, sans visas, sans argent et sans accès légal à l'emploi. Non-citoyens, ils n'ont d'autre choix que de travailler dans des conditions inacceptables. Ainsi, les personnes qui arrivent en Europe dans ces conditions forcées se retrouvent dans le segment le plus bas du marché du travail, le plus exploiteur ; elles sont à la merci de leurs employeurs et privées de tout droit - ce que l'auteur désigne à bon droit comme une forme d'esclavage.
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Chômeurs, vos papiers !
Hadrien Clouet, Vincent Dubois, Jean-Marie Pillon, Luc Sigalo Santos, Claire Vivès
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 15 Septembre 2023
- 9791097084332
Plus ils sont nombreux, et plus les chômeurs sont suspectés d'être la cause du chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de lutte contre le chômage, en France comme ailleurs en Europe. Avant même qu'on ne parle de politiques de retour à l'emploi (activation) ou d'allocations conditionnées à l'activité (workfare), s'est développé un mode de traitement individualisé du chômage consistant à agir sur les chômeurs euxmêmes. Ce livre a pour objet de montrer ce que l'essor du contrôle des chômeurs révèle des tendances et des transformations du traitement des chômeurs par les institutions qui en ont la charge et, au-delà, de la société qui agit par leur intermédiaire : la mise en cause de la responsabilité individuelle des chômeurs dans le chômage comme problème collectif. Il revient sur l'histoire de cette question, montre comment dans la période récente l'intensification du contrôle a été organisée, mise en pratique et justifiée au nom de la « redynamisation » des chômeurs, révèle les effets de ces dispositifs et indique les résistances individuelles et collectives qui peuvent s'opposer à ces évolutions coercitives.
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Si j'ai pu me résoudre à rassembler pour la publication ces textes en grande partie inédits, c'est que j'ai le sentiment que les dangers contre lesquels ont été allumés les contre-feux dont ils voudraient perpétuer les effets ne sont ni ponctuels, ni occasionnels et que ces propos, s'ils sont plus exposés que les écrits méthodiquement contrôlés aux dissonances, pourront encore fournir des armes utiles à tous ceux qui s'efforcent de résister au fléau néo-libéral.
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LQR ; la propagande du quotidien
Eric Hazan
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 2 Février 2006
- 9782912107299
Depuis les années 60, insensiblement et comme par imprégnation lente, la langue de la politique, la langue publique c'est-à-dire médiatique se modifie. Elle est devenue, au cours des années 90 l'idiome qui explicite et qui légitime le néolibéralisme. De modernité à social en passant par performant, réforme, crise, croissance ou diversité, Eric Hazan montre la transformation, «l'essorage» dit-il, d'expressions isolées, de tournures, de formes syntaxiques qui sont peu à peu vidés de leur sens, c'est-à-dire de leur force subversive ou politique. Cette langue a une dynamique propre, elle est performative : plus elle est parlée, et plus ce qu'elle défend - sans jamais l'exprimer clairement - a lieu. « Il s'agit de faire le tableau, écrivait Marx, d'une sombre oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d'une maussaderie générale mais inerte, d'une étroitesse d'esprit faite d'acceptation et de méconnaissance, le tout encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n'est lui-même que la vilenie au gouvernement. »
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L'illusion du bloc bourgeois : alliances sociales et avenir du modèle français
Bruno Amable, Stefano Palombarini
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 20 Septembre 2018
- 9782912107978
La crise politique française entre dans sa phase la plus aiguë depuis plus de trente ans, avec l'éclatement des blocs sociaux traditionnels, de gauche et de droite. L'éloignement des partis «?de gouvernement?» des classes populaires semble inexorable?; il laisse sur la touche, d'un côté, artisans, commerçants et petits entrepreneurs déçus par la timidité des réformes de la droite libérale et, de l'autre, ouvriers et employés hostiles à une unification de l'Europe des marchés à laquelle le parti socialiste reste attaché. La présidence Hollande est de ce point de vue moins une anomalie que l'échec définitif des tentatives de concilier la base sociale de la gauche et la «?modernisation?» du «?modèle français?». Ce projet se prolonge désormais par la tentative d'édifier un «?bloc bourgeois?» fondé sur la poursuite des «?réformes structurelles?», destinées à dépasser le clivage droite/gauche par une nouvelle alliance entre classes moyennes et supérieures.
L'émergence, en réaction, d'un pôle «?souverainiste?», coexiste avec les tentatives de reconstruire les alliances de droite et gauche dans un paysage politique fragmenté. L'avenir du «?modèle français?» dépend de l'issue d'une crise politique qui n'est donc pas liée à des querelles d'appareils et encore moins de personnes, mais à la difficulté de former un nouveau bloc dominant. Elle est loin d'être terminée.
Nouvelle édition actualisée et augmentée.
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Prodiges et vertiges de l'analogie
Jacques Bouveresse
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 16 Septembre 2022
- 9791097084271
Ce livre initialement publié en 1999 garde hélas toute son actualité. Nous proposons ici une nouvelle édition augmentée en cours d'actualisation au moment du décès de son auteur. Avec Prodiges et vertiges de l'analogie Jacques Bouveresse montre le danger que représente l'importation incontrôlée de concepts issus des sciences au nom d'un prétendu « droit à la métaphore ». À côté de l'abus de pouvoir « scientiste » il en existe un (le « littérarisme ») qui consiste à croire que ce que dit la science ne devient intéressant et profond qu'une fois retranscrit dans un langage littéraire et utilisé de façon « métaphorique » un terme qui semble autoriser et excuser presque tout. Au lieu d'un « droit à la métaphore » on devrait parler plutôt d'un droit d'exploiter sans précaution ni restriction les analogies les plus douteuses qui semble être une des maladies de la culture littéraire et philosophique contemporaine.
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Des lobbys au menu : l'activisme sanitaire des entreprises agro-alimentaires contre la santé publique
Daniel Benamouzig, Joan Cortinas muñoz
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 13 Mai 2022
- 9791097084257
Le rôle de l'industrie agroalimentaire dans la production des normes sanitaires est bien connu, comme par exemple lors du rejet d'amendements à la loi Agriculture et alimentation (dite Egalim) visant à équilibrer les relations avec les agriculteurs et à promouvoir une alimentation saine et durable. Cependant, ce rôle est rarement compris dans toute sa complexité et toutes ses ramifications, bien plus invisibles et prégnantes que l'on pourrait le croire. L'agro-industrie prend en effet le contrôle de la politique nutritionnelle qui devrait être du ressort de l'État, en prenant en main, d'abord la recherche, ensuite la formation et la mise à l'agenda de toute forme de politique publique dans ce domaine. Elle maîtrise la production d'informations, y compris scientifiques, elle se construit une image positive en participant à toutes sortes d'associations, d'événements, de financements de recherches et d'expertises, etc. Loin d'être une simple affaire de comportements individuels, de conflits d'intérêt des scientifiques, de cynisme des industriels ou de faiblesse morale des politiques, la prégnance des intérêts économiques est ici systémique. Ce livre montre qu'elle est le produit du travail de longue haleine d'une multitude d'organisations et de professionnels, dont c'est le métier. Leur travail façonne les espaces d'intervention des experts et des décideurs. L'industrie agroalimentaire fait prévaloir ses points de vue et intérêts en s'immisçant dans des espaces scientifiques, politiques et philanthropiques. L'enquête sociologique présentée dans ce livre offre - pour la première fois en France - une vision d'ensemble des interventions mises en oeuvre par l'agro-industrie, en décrivant par le menu les différents types de stratégies, leurs supports organisationnels et humains, ainsi que les espaces sociaux qui en sont le produit. Ces résultats permettent de se faire une idée plus juste de la place des intérêts économiques dans la décision publique en matière d'alimentation et de nutrition, et dans une certaine mesure de s'en prémunir.
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L'inhumanité : serial killers et capitalisme
Laurent Denave
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'agir
- 2 Février 2024
- 9791097084370
Le titre du présent ouvrage fait allusion à l'un des livres du philosophe Jacques Bouveresse, Les premiers jours de l'inhumanité (qui faisait lui-même référence aux Derniers jours de l'humanité de Karl Kraus) portant sur le triste spectacle de ce monde, ravagé par la guerre et dévoré par l'injustice - une injustice alimentée aujourd'hui par le système néolibéral qui conduit à l'explosion des inégalités.
Plus la société est inégalitaire plus elle est violente et les régions du monde les plus inégalitaires sont aussi celles où l'on dénombre le plus d'homicides. Cela explique en grande partie le nombre important d'homicides aux États-Unis, le plus inégalitaire des pays riches, dont l'insécurité sociale a été aggravée depuis les années 1970-1980 par les politiques économiques néolibérales.
Ce livre se focalise sur un cas limite, celui des meurtres en série, qui semblent, à première vue, obéir à une logique purement criminelle ou exprimer une forme de folie strictement individuelle. Ces crimes ne font pourtant pas exception à la règle, comme l'a montré l'anthropologue Elliott Leyton dans son ouvrage pionnier Hunting Humans?: sans mobile apparent ils sont en réalité motivés par un désir de revanche sociale et de célébrité, pour des individus dont la trajectoire sociale a été bloquée (impossibilité de vivre le «?rêve américain?») dans un contexte de crise économique.
Devenir tueur en série permet de compenser ses frustrations sociales, trop importantes dans une société où règne une concurrence acharnée entre ses membres pour l'occupation des places (des emplois notamment) donnant droit à une vie confortable et à la consommation des biens que la publicité incite à acheter.
C'est aussi le moyen d'obtenir ce qu'on peut appeler une revanche sociale réactionnaire, étant donné qu'elle ne fait que renforcer le système injuste et violent dont le tueur a été lui-même victime, en focalisant l'attention sur l'horreur de ses actes et non sur l'horreur du système.
En s'appropriant la vie de leurs victimes, les tueurs en séries renforcent la leur, ceci dans un contexte de crise économique et/ou de trajectoire sociale bloquée, et donc dans l'incapacité de se réaliser (ou progresser) socialement autrement qu'en captant le capital de vie de leurs victimes. -
Les prisons de la misère
Loïc Wacquant
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 5 Février 2015
- 9782912107565
Les Prisons de la misère est un livre important pour les éditions Raisons d'agir. Paru en 1999, il a été vendu a 20000 exemplaires et a été traduit dans vingt langues. Ce livre et son auteur, professeur à l'université de Berkeley, sont à l'origine d'un débat très intense sur le rôle de l'incarcération aux Etats-Unis et dans le reste du monde. La thèse qu'il soutient est que l'État pénal est en train de prendre la pace de l'État social et que l'emprisonnement devient un moyen massif de répondre à la misère produite par les politiques néo-libérales. Plus généralement, on assiste à un processus d'incubation et d'internationalisation des slogans (" la prison, ça marche "), des soi-disant théories (la " vitre brisée ") et des mesures (telles que le recours accru à l'incarcération, les peines-plancher, les camps de redressement et les couvre-feu pour jeunes) qui composent ce nouveau " sens commun " punitif, conçu pour endiguer la montée de l'inégalité et de la marginalité dans la ville postindustrielle.
Dans cette nouvelle édition, l'auteur revient sur la réception internationale des Prisons de la misère comme révélateur des évolutions pénales dans les sociétés avancées au cours de la décennie passée. Il établit comment la tornade sécuritaire mondiale inspirée par les États-Unis, que le livre détectait en 1999, a continué de faire rage de toutes parts. De fait, elle s'est étendue des pays du Premier monde à ceux du Second monde et elle a transformé les enjeux et les mesures politiques du châtiment pénal à travers la planète de façon que nul n'aurait pu prédire ou même croire possible il y a seulement une quinzaine d'années. L'auteur développe et étend son analyse du rôle des think tanks dans la diffusion de la pénalité " made in USA " à l'Amérique latine. Enfin, il révise le modèle initial du lien entre néolibéralisme et pénalité punitive, révision qui débouche sur l'analyse de la refonte de l'État à l'ère de l'insécurité sociale.
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Université qui vient : un nouveau régime de sélection scolaire
Cédric Hugreee, Tristan Poullaouec
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 19 Août 2022
- 9791097084172
La crise sanitaire et sa gestion au sein des universités françaises ont révélé et accentué un nouveau régime de sélection scolaire. Jamais la France et son système scolaire n'ont autant diplômé et pourtant jamais les savoirs n'ont été aussi inégalement transmis. C'est dans les premiers cycles universitaires que ce paradoxe est le plus palpable. Ce livre revient sur l'histoire récente de la banalisation des études universitaires, à la fois en les inscrivant dans les horizons ordinaires des possibles de la très grande majorité des lycéens et lycéennes mais au prix d'une formation volontairement réalisée au rabais dans ses contenus, faute de moyens, par des gouvernements qui n'ont cessé de dégrader les conditions d'apprentissage à l'université au moment où les besoins sont les plus grands. Face à la force de l'offensive politique qui déstabilise aujourd'hui l'université (généralisation de l'évaluation des formations des établissements par le biais d'indicateurs standardisés, récit simpliste de la prétendue crise de l'université par le gouvernement via de jolies infographies), ce livre reprend sous un angle nouveau les enquêtes statistiques existantes pour mettre au jour les mécanismes de ce régime de sélection scolaire qui, sous couvert de démocratisation de l'accès à des diplômes de valeur prétendument homogène et constante, refuse sciemment de donner les moyens à des étudiants d'origines sociales élargies de se former réellement. Cela au détriment d'un besoin de qualification universellement reconnu et au prix de la perpétuation sans fin de la production et de la reproduction des inégalités sociales.
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Contre-feux 2 ; pour un mouvement social européen
Pierre Bourdieu
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 12 Janvier 2001
- 9782912107138
L'analyse systématique du nouvel ordre économique mondial, des mécanismes qui te régissent et des politiques qui l'orientent, introduit à une vision profondément nouvelle de l'action politique ; seul le mouvement social européen qu'elle appelle serait en effet capable de s'opposer aux forces économiques qui dominent aujourd'hui le monde.
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La casse du siècle : à propos des réformes de l'hôpital public
Pierre-André Juven, Frédéric Pierru, Fanny Vincent
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 25 Avril 2019
- 9791097084011
Des couloirs transformés en hébergements de fortune, des personnels de santé au bord de la crise de nerfs, des mobilisations récurrentes, nombreux sont les signes d'une période éprouvante pour l'hôpital public. Pourtant, aux protestations réclamant des moyens supplémentaires, les différents gouvernements et experts des systèmes de santé répondent que le problème de l'hôpital n'est en rien financier mais organisationnel et qu'il suffirait de repenser sa place dans le système de santé, son organisation et ses missions. L'hôpital serait en crise, il faudrait en réformer le mode de gestion afin de le rendre économiquement performant et de répondre aux « attentes » des « usagers ».
Contre cette vision sommaire et simplificatrice, cet ouvrage décrypte la fabrication des différentes « crises » de l'hôpital public, dans leurs dimensions financière, organisationnelle et territoriale. A partir de plusieurs enquêtes sur les personnels hospitaliers et les conditions d'exercice de leur métier, il montre que les réformes entreprises depuis les années 1980 ont progressivement fragilisé l'organisation des soins au point d'en interroger aujourd'hui la pertinence et de promouvoir l'« innovation » comme remède miracle aux maux hospitaliers. Cette superposition de crises implique ainsi différentes façons de dire les problèmes et par là, les solutions à apporter. Derrière ces lectures concurrentielles et parfois antagonistes se joue en fait la conception même du rôle et de la place de l'hôpital public. Un débat démocratique qu'il est temps d'engager.
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La privatisation numérique : déstabilisation et réinvention du service public
Simon Cottin-Marx, Gilles Jeannot
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 18 Mars 2022
- 9791097084240
Le développement du numérique réalise une forme de privatisation du champ de l'action publique qui ne dit pas son nom : les entreprises privées du numérique les plus puissantes s'emparent d'activités jusqu'ici dévolues au secteur public : dans les transports (Ouibus, informations voyageurs), dans les services urbains (ville intelligente), dans l'utilisation de l'espace public (trottinettes électriques) ou même dans certaines fonctions de régulation (aide au trafic). L'informatisation des administrations publiques, le développement de services en ligne et la présence sur internet des services publics, se sont réalisés en sous-traitant ses dispositifs à des entreprises privées. La conquête du privé sur la sphère publique en cours aujourd'hui est d'une toute autre nature : elle repose sur une transformation des relations entre l'Etat et les usagers (simplification des relations avec les utilisateurs souvent en substituant des algorithmes aux agents publics, généralisation des mécanismes de notation, développement de l'uberisation des tâches). Ce processus s'adosse, d'une part, à des des capacités d'investissement énormes qui dépassent celles des pouvoirs publics (ingénierie, datacenters) et, d'autre part, à des monopoles détenteurs de brevets puissants. Si cette privatisation passe le plus souvent inaperçue, tant elle prend la forme douce de dispositifs d'utilisation très pratiques qui améliorent notre quotidien, ses effets sociaux sont pourtant considérables : elle déstabilise les entreprises et les administrations, renforce les inégalités sociales, préempte des communs et accélère la perte de souveraineté publique. Les pouvoirs publics ont beau mobiliser diverses ressources (offre concurrente, régulation, etc.), ils apparaissent trop souvent démunis face à un tel processus qui oeuvre a` l'échelle internationale (les GAFA). Les tentatives de réappropriation des communs numériques par les citoyens ordinaires ouvrent cependant des perspectives, parfois sous la forme d'un militantisme de fonctionnaires qui défendent la « souveraineté numérique » nationale. L'objet de l'ouvrage est porter au jour, derrière la sympathique appli dans nos smartphones, les conséquences économiques et techniques réelles de cette privatisation et de montrer quelles sont les perspectives de résistance et de réinvention du service public.
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Jusqu'à quand ? pour en finir avec les crises financières
Frédéric Lordon
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 23 Octobre 2008
- 9782912107428
On n'aurait pas dû avoir à attendre un événement extrême comme la crise des subprimes pour prendre conscience de l'effrayante nocivité de la finance déréglementée.
Mais la libéralisme est ainsi fait qu'il tolère aisément les crises qui n'affectent que les dominés et ne s'émeut que de celles qui frappent ses élites. or nous y sommes. la finance étasusienne est en ruine et celle de l'europe ne vaut guère mieux. au moins cette crise met-elle à nu les mécanismes du désastre tels qu'ils sont inscrits dans les structures même des marchés, et force jusqu'aux plus bornés des idéologues à la seule conclusion restante : sauf à risquer de nouveau que les mêmes causes entraînent les mêmes effets, il est temps de tout changer.
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Économies populaires et luttes féministes ; résister au néoliberalisme en Amérique du sud
Verónica Gago, Mila Ivanovic
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 18 Juin 2020
- 9791097084059
L'Amérique du Sud constitue depuis plusieurs décennies le lieu d'expérimentation des politiques néolibérales. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit aussi le foyer le plus spectaculaire des résistances à ces politiques : conflits sociaux de grande ampleur, protestations de rue, succès électoraux de gouvernements de gauche, processus de remunicipalisation, etc. C'est d'autres aspects de ces résistances, moins visibles mais pas moins novateurs politiquement, que ce livre de Verónica Gago explore. L'auteur développe une perspective « par en bas » qui permet de comprendre le pragmatisme déployé par les classes populaires pour s'adapter et, en même temps, détourner les normes de compétitivité néolibérales, tout en les intégrant à d'autres pratiques et d'autres savoirs. Gago étudie en premier lieu les économies informelles des marchés populaires où les groupes subalternes (migrants, femmes, etc.) s'approprient les rues, inventent d'autres pratiques économiques et mettent en cause la légitimité politique du néolibéralisme. Gago fait ensuite le lien avec le renouveau des luttes féministes, en particulier contre les féminicides, en montrant comment la violence domestique renvoie à la violence économique, l'endettement et la précarité. Les formes d'auto-organisation générées par ces nouvelles luttes portent ainsi une remise en cause, à l'échelle internationale, des modes de domination économiques, familiaux et culturels associés à l'économie capitaliste, tels que l'illustre la diffusion récente du mouvement « un violeur sur ton chemin », du Chili à l'Europe et à l'Asie.
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Pas de pitié pour les gueux ; sur les théories économiques du chômage
Laurent Cordonnier
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 8 Octobre 2020
- 9791097084073
Un livre grand public et incisif sur la vision qu'ont les économistes du chômage. Nécessaire pour comprendre les politiques de flexibilisation du marché du travail mise en oeuvre en Europe et partout dans le monde. Permet de comprendre le succès pour le moins mitigé de ces politiques.
Une réédition indispensable : ce que décrivait le livre a toujours cours ; ce que décrivait le livre a été réellement mis en oeuvre et le livre fournit les clés pour comprendre pourquoi ça n'a pas marché.
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La santé hors de prix : l'affaire Sovaldi
Olivier Maguet
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 26 Novembre 2020
- 9791097084042
Le scandale de l'affaire Sovaldi. Historique, étude, réforme. L'Affaire Sovaldi venait de commencer. Ce livre raconte cette affaire : comment le prix du traitement annuel peut représenter des dizaines de milliers d'euros pour un médicament qui en cute peu ; quel est le rôle des lois de protection des brevets, comment opère la logique de capture de rente de startups biomédicale prises dans la spirale inflationniste de valorisations financières.
Le processus sous-jacent n'est pas propre au Sovaldi mais concerne potentiellement tous les nouveaux médicaments au point d'ébranler les systèmes de santé des pays riches.
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Le mythe du trou de la sécu
Julien Duval
- Éditions Raisons d'Agir
- Raisons D'Agir
- 5 Novembre 2020
- 9791097084097
Ce livre revient sur un «?débat?» de plus en plus brûlant?: il faudrait défaire le programme du Conseil national de la Résistance et, en particulier, démanteler le système de protection sociale créé en 1945.
Cela fait plusieurs décennies que les réformes menées en la matière consistent en effet à remplacer la logique universelle de satisfaction des besoins sociaux pour des objectifs de réduction des dépenses publiques. Cette vision dominante est largement relayée par les médias, selon lesquels la Sécurité sociale serait menacée de faillite par un déficit abyssal. Pour faire face à l'augmentation des dépenses et au vieillissement de la population, le système de protection sociale serait condamné à se réformer sans cesse?: déremboursements, réduction des prestations, hausse des cotisations, voire privatisation.
Chercheur au CNRS, Julien Duval renverse les termes du problème?: il n'y a pas de «?déficit de la Sécu?» mais «?un besoin de financement?» que les gouvernements successifs ont décidé de ne pas satisfaire en multipliant depuis 1993 les exonérations de charges sociales. L'affaiblissement de la protection sociale découle non pas d'arbitrages techniques mais d'un choix politique?: le transfert généralisé des «?risques?» du capital vers le travail.
Ce livre a reçu le prix Prescrire en 2008. Il a été actualisé et augmenté pour la présente édition.