Filtrer
patrick champagne
-
La double dépendance ; sur le journalisme
Patrick Champagne
- RAISONS D'AGIR
- Raisons D'Agir
- 3 Mars 2016
- 9782912107855
Il est peu de professions qui, comme celle de journaliste, donnent lieu à des représentations sociales aussi contradictoires. Le personnage social du journaliste tend en effet à osciller entre, d'une part, des figures très prestigieuses comme celle du " grand reporter " qui paye parfois de sa vie la couverture des conflits, celle du " journaliste d'investigation " qui lève des scandales et sert ainsi la démocratie ou encore du commentateur politique et, d'autre part, la figure très négative du journaliste corrompu qui fait des articles de complaisance, qui bidonne ses reportages, qui profite des malheurs du monde (on parle des " charognards de l'information ") ou même, qui tels les paparazzis, cherchent de façon purement mercantile à étaler dans l'espace public la vie privée des personnages publics - ou connus du public - devenus pléthore avec la moyens modernes de divertissement (télévision, cinéma, disques, etc.) et les formes encore plus modernes de diffusion (internet, réseaux sociaux, etc.).
Bref, le journaliste est un personnage social trouble, capable du meilleur comme du pire. Au principe de cette représentation sociale pour le moins contrastée : la faible autonomie du champ médiatique. Les journalistes doivent composer avec des contraintes propres au métier (réactivité, urgence, polyvalence parfois antagoniste avec la compétence) mais aussi et surtout fortes contraintes externes, celles qu'exercent les champs politique et économique avec l'assistance de spécialistes en communication.
C'est parce que le risque de " dérapages " est grand que la profession multiplie les codes de déontologie tout en se refusant au nom de la liberté, d'en sanctionner les manquements. De même, le recours massif aux sondages par les médias - sondages préélectoraux, d'opinion, d'audience, de notoriété, etc. - constitue une forme de défense des journalistes qui, à la fois courtisés et méprisés, tendent à s'abriter derrière des pourcentages apparemment scientifiques et donc indiscutables.
Il n'est pas un média qui, aujourd'hui, ne fasse état chaque jour, pour légitimer une opinion, du dernier sondage commandé par lui ou par ses concurrents. Il ne faudrait pas croire cependant que l'introduction de cette pratique, parce qu'elle est peu scientifique, et même souvent d'ordre ludique soit sans effets. Cette " pensée par sondages " qui caractérise de plus en plus le mode de penser des journalistes s'appuie sur l'effet politique qu'exerce l'invocation de la représentativité des enquêtes par sondages et tend à généraliser le principe majoritaire, au détriment de tout autre forme de " participation " politique.
S'appuyant sur des études de cas très concrets - une manifestation de rue, la fausse agression du RER D, la crise du journal Le Monde et les avis de son médiateur, etc. - Patrick Champagne, sociologue des médias, membre de ACRIMED, auteur de Faire l'opinion, paru chez Minuit en 1990 et resté depuis un ouvrage de référence en science politique, nous fait entrer dans les luttes entre les journaux pour produire des événements, voire parfois pour les coproduire et montre comment fonctionne le champ journalistique, cette machine à fabriquer l'actualité.
L'ouvrage qui est écrit dans un langage accessible aux non spécialistes s'adresse à tous ceux, militants associatifs, enseignants ou simples citoyens qui veulent s'informer sur la fabrication de l'information.
-
Un sociologue dévoile les règles du jeu politique L'invention de l'opinion Et si la multiplication des sondages était une manière de déposséder le citoyen du droit à la parole ? « Il est des livres qui viennent à point nommé pour apporter une bouffée d'oxygène à des lecteurs menacés d'asphyxie. Celui de Patrick Champagne est de ceux-là, car il réussit à dépasser les constats rabâchés sur la grande misère du débat politique aujourd'hui et sait décrypter les évolutions profondes qui l'ont produite. Champagne a installé son chevalet à la marge du paysage politique et il brosse, touche par touche, le tableau d'une scène étrange, où les acteurs sont les hommes politiques, les journalistes spécialisés, les experts mobilisés par les instituts de sondage. Bref, tous les dépositaires exclusifs et patentés du droit à la parole sur les problèmes de société. Champagne décrit l'histoire d'une dépossession. Il cherche à comprendre comment le jeu démocratique est parvenu à exclure du débat politique les citoyens ordinaires, et comment cette exclusion s'est opérée sous couvert de la toute-puissance accordée à une nouvelle divinité : l'opinion publique. La première partie du livre retrace, au cours du XXe siècle, l'histoire de cette notion qui est devenue la référence centrale autour de laquelle s'organise toute la vie politique. Mais comment peut-on mesurer cette opinion publique en dehors des périodes électorales ? Par des sondages, bien sûr. C'est sans doute sur ce thème que le livre de Champagne est le plus corrosif : lorsqu'il montre que les sondages, loin d'être le simple reflet d'une opinion publique préexistante dont ils offriraient la photographie, sont au contraire une technique pour construire cette opinion, l'inventer de manière plus ou moins artefactuelle. Par exemple, en posant à des échantillons représentatifs des questions qui n'ont pas forcément de sens pour ceux qui doivent y répondre, ou, plus profondément encore, qui n'ont pas nécessairement let même sens pour tous les sondés. L'" opinion ", c'est donc une addition de réponses hétéroclites à des questions que les gens ne se posent pas, ou pas nécessairement, ou pas en ces termes-là... Mais, évidemment, cette production de l'" opinion " n'est pas une pure fiction. Puisque la logique du processus veut que les journaux et les émissions de télévision répercutent le verdict sous la forme sans appel d'énoncés du genre : " les Français pensent ". Ce qui ne manque pas de produire ses effets sur l'action même des hommes politiques, qui se plient à la loi des baromètres et des pourcentages et gèrent leur image et leur discours avec un oil rivé sur les courbes et les graphiques ainsi constitués. Champagne fait rayonner autour du noyau central de ses analyses un certain nombre d'hypothèses fort suggestives qui pourraient expliquer la désaffection des citoyens pour la vie associative ou syndicale. Car ce sont précisément des lieux où l'opinion se forme non pas à partir de moyennes ou de juxtapositions, mais à partir de problèmes réels, formulés dans une langue qui n'a souvent rien à voir avec celle qu'utilisent les politologues. Mais de telles " opinions " sont nécessairement parcellaires et partiales, et ne trouvent donc pas leur place dans des questionnaires préfabriqués auxquels il faut répondre par oui ou par non. On comprend ainsi, suggère Patrick Champagne, pourquoi les explosions sociales, les grands mouvements incontrôlés dont les vagues déferlent à intervalles réguliers ne sont jamais prévus par les hommes politiques ni par la méthode des sondages. Pour dire la richesse de ce livre passionnant, il faudrait aussi évoquer les pages sur les manifestations de rue et la façon dont elles se sont transformées pour se plier aux règles du nouveau pouvoir journalistique, sans lequel aucun événement ne saurait exister comme tel. Ou encore mentionner l'art et la manière avec lesquels le sociologue décrit l'ignorance de la réalité du monde politique, tant il est fermé sur lui-même. Oh ! certes, l'ouvrage n'est pas sans défauts : certaines analyses sont moins précises que d'autres, certaines démonstrations moins convaincantes. Mais cela n'a pas beaucoup d'importance. Qu'est-ce qu'un grand livre ? C'est un livre qui modifie le regard que nous portons sur les réalités qui nous entourent. Qui nous apprend à nous défaire des habitudes mentales imposées par des mécanismes sociaux qui ont fini par devenir nos structures de perception. L'essai de Patrick Champagne, on l'a compris, est un livre libérateur. » Didier Éribon, Le Nouvel Observateur, 13 décembre 1990
-
La sociologie est devenue, dans nos sociétés modernes, une science sociale familière. Ses concepts et ses analyses sont pratique ment passés dans le langage courant. Mais sait-on vraiment ce qu'est le point de vue sociologique et quelles relations cette science sociale entretient avec d'autres disciplines, proches ou concurrentes, comme la philosophie, la psychologie, l'histoire ou l'ethnologie ? Cet ouvrage propose une approche de cette science en rappelant les principaux apports de ses fondateurs, en présentant sa démarche et ses méthodes. A travers l'exemple de la sociologie de l'éducation, l'auteur s'interroge sur les usages possibles de la sociologie aujourd'hui.
-
Faire l'opinion : le nouveau jeu politique
Patrick Champagne
- Éditions de Minuit
- 24 Octobre 1990
- 9782707313591
On assiste dans les régimes démocratiques à une différenciation croissante du champ politique et au développement de nouvelles catégories d'agents commentateurs politiques, politologues, sondeurs, spécialistes en communication, etc.
, qui, avec leurs intérêts propres, participent désormais directement au jeu politique. on considère généralement que les moyens modernes de communication (la télévision, notamment), qui informent de mieux en mieux les " citoyens ", ainsi que les technologies importées des sciences sociales (comme les enquêtes d'opinion), qui permettent de mieux connaître la " volonté populaire ", constituent autant de progrès pour la démocratie.
L'analyse sociologique de la pratique de sondages d'opinion, des débats politiques à la télévision et des manifestations de rue montre qu'en fait, s'il y a progrès, c'est surtout dans la sophistication croissante des " technologies sociales " visant à faire croire que l'on donne la parole au peuple. paradoxalement, en effet, le champ politique tend à se refermer sur lui-même, le jeu politique étant de plus en plus une affaire de spécialistes qui, à travers notamment les sondages, prétendent " faire parler le peuple ", mais le font en réalité à la manière du ventriloque qui prête sa voix à ses marionnettes.
L'idéal démocratique est sans doute moins menacé aujourd'hui par le totalitarisme que par une sorte de démagogie savante d'autant plus dangereuse qu'elle a formellement toutes les apparences de la démocratie.
-
-
Pierre bourdieu ; mouvements d'une pensee
Patrick Champagne, Olivier Christin
- Bordas
- Philosophie Presente
- 18 Novembre 2004
- 9782047299418
-
Dans ce monde de 2154 où les dérives industrielles et économiques ne sont plus qu'un très mauvais et lointain souvenir, Suzanne, qui menait jusqu'à présent une vie d'étudiante relativement tranquille, se trouve plongée dans une aventure profondément déstabilisante. Citoyenne d'une planète en résilience, où le superflu n'a plus sa place, cette jeune francilienne, née un siècle après la chute brutale de la civilisation qui est la nôtre, n'en connaît que ses désagréments : des épaves irrécupérables, des ruines encombrantes, un climat insupportable et tant d'autre misères que nous avons laissé. Portée par le passé vertueux de ses ancêtres, elle va devoir côtoyer cette société tant détestée, la nôtre, celle du XXI siècle, et découvrir son confort, mais aussi son opulence et ses égarements. Avec beaucoup d'humilité et de détermination, elle s'apercevra à quel point l'intuition, le bon sens et l'harmonie avec ses semblables lui feront franchir les barrières de l'impossible, jusqu'à esquisser un futur mettant en cohérence l'humain avec ses capacités d'invention et l'absolu respect de la terre mère. Repenser ainsi la destinée de notre espèce est à notre portée. Puisse cette fiction contribuer à mobiliser notre intelligence collective pour nous éviter le pire imaginé ici.
-
Pierre Bourdieu et les médias : Rencontres INA-Sorbonne 15 mars 2003
Patrick Champagne, Roger Chartier
- L'HARMATTAN
- 2 Décembre 2004
- 9782747576079
Pierre Bourdieu s'est intéressé très tôt aux médias, d'abord en tant que sociologue des phénomènes culturels, mais aussi de manière plus pratique, lorsque ceux-ci constituent des instruments irremplaçables de diffusion des travaux scientifiques et des idées. Dans le prolongement de ses travaux sur le champ littéraire et de son ouvrage Les Règles de l'art, la publication, en 1996, de son livre Sur la télévision et le succès que celui-ci a rencontré ont suscité des débats particulièrement vifs sur le rôle et la responsabilité des journalistes.
-
L'heritage refuse. la crise de la reproduction sociale de la paysannerie en france (1950-2000)
Champagne Patrick
- Points
- Points Essais
- 27 Mars 2002
- 9782020525695
Cet ensemble de textes publiés entre 1975 et 1985 est le fruit de diverses enquêtes réalisées dans le milieu rural, principalement en mayenne et en bresse bourguignonne.
Avec une grande clarté, l'auteur analyse la situation d'une classe sociale qui a subi une double crise de reproduction : à la fois technique et économique avec la généralisation des méthodes de production intensive, mais aussi sociale et culturelle dans laquelle est en jeu une identité paysanne menacée par le problème de la transmission du patrimoine. s'interrogeant sur les facteurs qui expliquent cette évolution souvent brutale, l'auteur met en évidence les insuffisances d'une analyse purement économique et montre qu'il faut prendre en compte les phénomènes plus cachés dits de " domination symbolique ".
Patrick champagne entreprend ainsi une analyse des stratégies de reproduction sociale qui met en avant l'économie des échanges entre générations. des clés pour comprendre la situation des classes sociales qui, à l'instar de la paysannerie, connaissent de profonds bouleversements et dont l'avenir est l'un des enjeux de notre société.