frederic vitoux
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La mort du procureur impérial : Latouche et l'affaire Fualdès : 1817-1818
Frédéric Vitoux
- Grasset
- Littérature Française
- 2 Avril 2025
- 9782246840435
Un ancien Procureur impérial, Fualdès, est assassiné dans la nuit du 19 au 20 mars 1817 : c'est le début de « l'affaire Fualdès », fait-divers retentissant du début du XIXème siècle qui donna lieu à deux procès retentissants (Rodez et Albi), une instruction bâclée, des témoins manipulés... et la décapitation de trois innocents.
Clarisse Manzon, accusatrice incohérente et séductrice virevoltante, devient vite la seule héroïne de cette ténébreuse affaire. Incarcérée un temps, elle signe de sa prison des Mémoires, un phénoménal succès de librairie en Europe.
Mais son véritable auteur est un certain Henri de Latouche, écrivain, dramaturge, journaliste : c'est lui qui rend compte des délibérations du procès, médiatise un crime dont le souvenir se perpétue d'un siècle à l'autre, tient la plume du livre signé Clarisse Manzon et fait d'elle, qui n'a cessé de mentir, un personnage de roman vrai, la rendant riche et célèbre avant qu'ils ne se brouillent.
Devenu critique et éditeur, Henri de Latouche jouera un rôle déterminant dans l'aventure romantique : il découvre et publie les manuscrits de Chénier, aide aux débuts de Balzac, noue avec Stendhal une profonde amitié, encourage Sand, bataille avec Hugo et Sainte-Beuve, traduit ou publie Goethe et Schiller, souffle Chatterton à Vigny, Séraphita à Balzac et Melle de Maupin à Gautier...
A travers le récit minutieux et l'élucidation probable d'un « cold case », Frédéric Vitoux revisite l'aventure du romantisme et réhabilite une figure oubliée de l'histoire littéraire. -
Nouvelle édition revue et augmentée
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«J'aimerais que le lecteur ouvre, s'il le désire, ce livre un peu au hasard, pour aller de surprises en surprises, de portraits en anecdotes. Qu'il soit complice en somme de cette promenade dans un domaine qui relève aussi de la plus haute civilisation - car l'homme, en un sens, s'est vraiment civilisé quand il a accepté le chat à ses côtés, tel un libre compagnon ...»Frédéric VitauxVoici le chat sous toutes ses facettes : en peinture, au cinéma, dans la musique, dans les livres, sur les genoux d'illustres maîtres ou sous l'objectif des plus grands photographes.
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Chez les heureux du monde
Frédéric Vitoux, Edith Wharton
- Gallimard
- L'imaginaire
- 26 Avril 2000
- 9782070758456
Orpheline ruinée, Lily Bart cherche à faire un riche mariage, bien qu'elle aime un avocat, Lawrence Selden. Trop honnête pour se vendre, mais d'allure trop libre pour garder sa réputation intacte, elle se voit fermer les portes de la haute société... Avec un art digne de son maître Henry James, Edith Wharton peint la haute société new-yorkaise, son éclat et sa richesse, mais aussi sa profonde corruption.
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Au rendez-vous des mariniers
Frédéric Vitoux
- LE LIVRE DE POCHE
- Le Livre De Poche
- 28 Novembre 2018
- 9782253071518
C'est l'histoire d'un restaurant populaire dans l'île Saint-Louis. Son enseigne ne trompait pas : Au Rendez-vous des Mariniers... Au 33, quai d'Anjou, s'y donnèrent rendez-vous, de 1904 à 1953, les habitants du quartier, les patrons des péniches amarrées sur les berges et les blanchisseuses des bateaux-lavoirs tout proches... Nombre d'écrivains et d'artistes y trouvèrent aussi refuge et s'en firent souvent l'écho dans leurs oeuvres de Jean de la Ville de Mirmont à Picasso, de John Dos Passos à Pierre Drieu la Rochelle, d'Hemingway à Aragon, de Simenon à Blaise Cendrars, etc.Frédéric Vitoux s'attarde en leur compagnie. Tout comme il fait revivre les trois propriétaires successifs de l'établissement, dont le destin n'est pas sans résonances avec celui de sa propre famille installée, à la même époque, à l'autre bout du quai, et où il continue d'habiter.C'est un morceau du bonheur de Paris qu'on a entre les mains, et qu'on lit avec délice. François Forestier, L'Obs.Un essai magistral. Étienne de Montety, Le Figaro littéraire.Postface inédite de l'auteur.
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L'ours, c'est le sculpteur Etienne Maurice Falconet, auteur de la statue équestre de Pierre Le Grand à Saint-Pétersbourg.
Le philosophe, c'est Diderot qui intervint avec empressement auprès de Catherine II pour que son ami bénéficiât de cette commande qui allait assurer sa célébrité dans toute l'Europe.
A travers leur amitié, leur correspondance et leur longue querelle épistolaire autour de la notion de postérité, Frédéric Vitoux restitue ici une époque et des hommes essentiels de l'histoire des idées (L'Encyclopédie et ses artisans, Diderot, d'Alembert, Rousseau, Voltaire, ou le trop méconnu chevalier de Jaucourt). A la faveur de rapprochements et de digressions (cet art dans lequel excella Diderot qui se comparait lui-même à un chien de chasse mal dressé), ce sont des moments de sa propre vie qu'il mêle à la matière de son essai , ce qui lui permet de s'exprimer mezza voce sur le débat qui, en son temps, nourrit l'amitié des deux hommes et aboutit à leur rupture.
Falconet ne croyait pas à la postérité tandis que Diderot plaçait en elle tous ses espoirs. Ces options antagonistes trahissent le caractère des deux hommes : Falconet misanthrope, farouche, pessimiste, d'une probité artistique sans faille, mais volontiers brutal (on l'accusera, à tort du reste, d'avoir poussé l'un de ses élèves au suicide par ses jugements intransigeants à son égard), s'aliénant en Russie tous ses interlocuteurs, et pour finir ingrat. Diderot infatigablement dévoué à ses amis, affectif, optimisme et altruiste.
Leur fervente amitié se dissipa donc dans la rancune et la défiance en raison de plusieurs maladresses du sculpteur, son refus de tenir sa promesse de recevoir Diderot sous son toit, à Saint-Pétersbourg, quand le philosophe se décida enfin à entreprendre ce long voyage qu'espérait et attendait l'impératrice Catherine II depuis si longtemps mais aussi parce que Falconet laissa publier, sans l'aval de Diderot, leur correspondance.
De Russie, Diderot rentre désabusé de son rêve philosophique consistant à convertir Catherine II aux Lumières ; Falconet, lui, claquera la porte et n'assistera même pas à l'inauguration de son chef d'oeuvre.
Rien de désincarné dans cet essai. Le récit de l'amitié des deux hommes donne matière à des retours sur soi de l'auteur : l'île Saint-Louis qui lui est si chère, où vécurent aussi ses deux personnages ; des rencontres (Le Marchand ; Jorge Amado ; la création du Périscope de l'île Saint-Louis, qui fut l'occasion de la rencontre essentielle avec son épouse Nicole ; le beau portrait de l'ours Bernard Frank et du non moins ours Céline, plus amer et véhément à son retour d'URSS en 1936 que ne le fut Diderot en 1774 ; la découverte de la divagation d'un Laurence Sterne libérateur, l'auteur de Tristram Shandy dont l'influence fit déterminante pour l'auteur de Jacques le Fataliste...)
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L'assiette du chat : un souvenir
Frédéric Vitoux
- Grasset
- Litterature Francaise
- 8 Mars 2023
- 9782246833062
Il existe des souvenirs minuscules comme on parle de vies minuscules. Frédéric Vitoux se souvient de cette « assiette du chat », objet de disputes entre son frère, sa soeur et lui, au tout début des années 50. Aucun des trois enfants ne voulait cette assiette pour lui, au prétexte qu'elle aurait servi, quarante ans plus tôt, au chat qui avait colonisé l'appartement, du temps de leur grand-père.
Mais les souvenirs minuscules sont-ils si minuscules que ça ?
Un fil a beau être ténu, il peut, tel une corde de rappel, faire surgir des brumes du passé des pans entiers de l'histoire familiale, en révéler les secrets, et finir par éclairer peut-être les attitudes longtemps jugées inexplicables des aînés...
Pourquoi son père restait-il silencieux, à table, alors qu'à six ans, il devait se rappeler les exploits de la petite chatte ? Que craignait-il ou voulait-il effacer ?
Une femme avait veillé sur lui, dès son enfance, Clarisse, amoureuse éperdue de sa mère, et qui ne cessera, sa vie durant, d'inonder de son amour et de son dévouement, les générations successives des Vitoux. Il ne parlera jamais de Clarisse.
Et qu'éprouvait-il pour Odette, cette petite fille élevée auprès de lui dans le même appartement familial, fille naturelle de la domestique de ses parents, qui leur avait confié l'enfant ? « Soeur de lait » de son père, comme expliquait à Frédéric sa mère, pour justifier son statut au sein de la famille ? Ou demi-soeur tout court de son père, se demande-il aujourd'hui...
Ces deux portraits de femmes hors du commun, aux destins assez parallèles, éclairent ces secrets de famille qu'une modeste « assiette du chat » réveille ici, et autour desquels la plupart des écrivains rôdent, un jour ou l'autre, comme pour se trouver eux-mêmes. -
Bébert ou le chat de Céline
Frédéric Vitoux
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 24 Septembre 2008
- 9782246038733
« Un chat c'est l'ensorcellement même, le tact en ondes... » notait Louis-Ferdinand Céline. Et Bébert, énorme matou tigré au maintien à l'intelligence prodigieuse, aussi glouton et râleur que fidèle, n'était pas un chat ordinaire... Abandonné par son premier maître, l'acteur de cinéma Le Vigan, longtemps vagabond dans Montmartre au temps de l'Occupation, il est recueilli par Céline et sa femme et va partager leurs errances, leurs aventures, leur misère, leur exil. Céline en a fait l'un des héros de ses derniers romans - ces chroniques hallucinées de l'Allemagne de la débâcle -, et l'un des chats les plus célèbres de la littérature française.
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«Une cinquantaine de cartes aujourd'hui déchiffrées, contemplées et classées. Suivant les caprices de généalogies fantaisistes. Par lieux:Gonesse, Charenton, Le Creusot, Boulogne, Chambly... Quelques cartes inclassables déjà rejetées. Des feuilles de brouillon noircies d'indications familiales et géographiques. La liste des premiers protagonistes de l'intrigue, longue liste d'où certains noms vont être amenés à disparaître, d'autres en revanche à prendre de l'importance, à engendrer à leur tour une autre famille... Des cousins, des cousines, une jeune fille orpheline - adoptée, ou de parents divorcés? Si jolie que beaucoup lui écrivent. Par affection. Il y a encore le grand cousin qui voyage. Et beaucoup de gens qui ne se connaissent pas. Pas encore, peut-être.»
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Pierre et Marco, des amis d'enfance, se retrouvent, un quart de siècle plus tard. L'un est scénariste, l'autre réalisateur. Si presque tout les oppose, une même passion les lie pour l'actrice emblématique qui a enchanté leurs jeunes années. D'où l'idée de faire un film avec elle et pour elle. Plus personne ne sait vraiment si elle est vivante ou non, c'est un mythe, et nos héros veulent lui offrir un dernier rôle, après Visconti, Resnais, Louis Malle... Roman de la nostalgie, de la fidélité à soi-même, Un film avec elle a le charme d'un récit stendhalien.
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« Au retour d'un voyage aux Indes, en 1898, le poète Henry J.-M. Levet affirma à ses amis de Montmartre qu'il achevait un roman intitulé L'Express de Bénarès dont il évoquait devant eux les personnages ou les épisodes plus cocasses - mais personne n'en prit jamais connaissance. Levet l'écrivit-il vraiment ? Nous ne le saurons jamais. A sa mort en 1906, à l'âge de trente-deux ans, après quelques années passées comme vice-consul à Manille puis à Las Palmas, ses parents détruisirent ses lettres et ses manuscrits.
Pourquoi Levet, que j'ai découvert à l'âge de dix-sept ans, m'a-t-il si durablement obsédé ? Pourquoi ce jeune homme que chérissent depuis plus d'un siècle quelques centaines de lecteurs, d'une génération l'autre, comme pour perpétuer le cercle du poète disparu, et que nul n'aurait connu sans la persévérance de Fargue, son ami intime, et de Larbaud qui, après sa mort, entreprirent de rassembler et de publier ses poèmes, appartient-il ainsi à mon imaginaire - ou mieux, à ma vie ?
Partir à la recherche de Levet, le lire, le relire, retrouver ses paysages d'enfance à Montbrison, regrouper de rares témoignages, me plonger dans l'exubérante bohême montmartroise au tournant des XIXe et XXe siècles, m'interroger sur la personnalité contrastée de ce poète si solitaire, au physique ingrat, et qui égayait ses amis par ses tenues extravagantes, n'était-ce pas une façon de mieux me connaître moi-même ?
On en revient toujours là. » F. V.
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Les pièces étaient disposées devant moi : le docteur Georges Vitoux, mon grand-père, qui avait conservé des négatifs sur verre de clichés pornographiques ; la veuve Lambel dans son hôtel de la rue Le Peletier : son frère et ses douteuses pratiques photographiques ; la ville de Nelson en Colombie-Britannique et son pastiche de l'église de la Madeleine, sans oublier un personnage de Madeleine pécheresse puis pénitente. F. V.Cette enquête littéraire et presque policière, ce retour vers une Belle Époque qui ne l'était pas tant que cela ont permis à Frédéric Vitoux de remonter au plus loin de sa mémoire familiale - cette mémoire dont il faut tour à tour se rapprocher et se détacher pour mieux se comprendre soi-même.Du pur roman, dans lequel Frédéric Vitoux réinvente avec brio la vie de l'énigmatique Georges Vitoux. Tristan Savin, Lire.
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Il me semble désormais que Roger est en Italie
Frédéric Vitoux
- Éditions des Équateurs
- Paralleles
- 2 Juin 2016
- 9782849904534
Les cinéphiles passionnés connaissent Roger Tailleur, critique de cinéma des 50-60 qui cessa brusquement ses chroniques dans la revue Positif, vendit sa bibliothèque consacrée au cinéma et... partit pour l'Italie.
Une passion quasi obsessionnelle le tient, il veut tout voir de l'Italie : « Il entreprit de l'explorer région par région, province par province. Il mettait des mois à préparer ses itinéraires. Il détestait l'imprévu. Il mit à découvrir l'Italie le même acharnement, la même inépuisable érudition, le même souci du détail, le même bonheur enfin qu'il éprouvait, critique de cinéma, à tout savoir et tout retenir de la filmographie d'Henry King ou d'Humphrey Bogart.» Roger voyage exclusivement en train et en bus. Il « embarquait le vendredi soir, gare de Lyon par le Simplon ou le Palatino, et reprenait son travail le lundi matin après deux nuits blanches en chemin de fer ».
Une passion pour les cartes postale le prend et partout où il passe il achète des cartes qu'il commente à ses amis une fois rentré.
En Italie, Roger est un autre homme «Il cessait d'être pessimiste, imprécateur, souriant, collectionneur, maniaque, rieur, érudit ou sceptique.» Ce petit livre, paru pour la première fois en 1986 chez Actes Sud, est un exercice d'admiration, un témoignage d'amitié de Frédéric Vitoux pour son ami mort brusquement en 1985 d'une leucémie aiguë. L'auteur de La Comédie de Terracina et de La vie de Céline mêle ses souvenirs des années cinéma à «la silencieuse intimité trouée parfois de plaisanteries», traçant un émouvant portrait.
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Une autobiographie parcellaire et subtile par recomposition fragmentaire du puzzle de la mémoire : non pas des Mémoires en majesté par ordre chronologique, mais une évocation de souvenirs autour desquels sont venues cristalliser des leçons de vie.
« Le bonheur en littérature ne consiste pas à gagner du temps pour aller à l'essentiel mais à perdre du temps pour parvenir à l'inessentiel. Autrement dit, à accepter d'être pris par surprise pour découvrir précisément ce que je n'avais jamais recherché » est-il écrit ici au détour d'un chapitre : c'est la meilleure définition du bonheur que l'on ressent à la lecture de ce récit.
Chaque court chapitre convoque un souvenir qui ouvre une parenthèse, une digression, un décentrement.
Le premier d'entre eux, « précieux parce qu'indistinct » : une visite à son père détenu après-guerre à la prison de Clairvaux (on en saura plus, par la suite, sur ce père frappé de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa vie).
Cette période de la guerre est très présente, de la silhouette unijambiste du gardien de l'hôtel de Lauzun qui dénonça Christian de la Mazière à la Libération à Lucette Almanzor en butte à la question désinvolte d'un visiteur (« En deux mots, Céline, c'est quoi ? ») en passant par Lisette de Brinon contrainte d'assister à l'exécution de son mari Fernand de Brinon, qui l'avait protégée en la faisant nommer « aryenne d'honneur ».
Une réflexion de Vittorio Gassman racontant qu'une miette de pain collée à la lèvre d'une jeune femme a sonné le glas de leur liaison inspire à l'auteur une réflexion sur la fin de l'amour.
Une phrase prononcée par Ginger Rogers dans le film La fille de la 5ème avenue (« les riches sont juste des pauvres avec de l'argent ») constitue un des Rosebud du texte : l'écart social entre ses parents et la plupart de leurs amis, entre le monde des riches et celui des pauvres, celui de la désinvolture héréditaire et du mérite forcené (de très jolies scènes sur une victoire inespérée lors d'un championnat d'académie d'escrime contre un adolescent béni des dieux, ou sur Antoine Ménier, de la famille des chocolats Meunier, ami d'enfance de son parrain snob, développent par touches cette thématique du déclassement...) Comment « le contrat de confiance entre la langue et lui » a été rompu par la découverte des « pommes mousseline », le rôle qu'a joué l'opus III de Beethoven dans son éveil à la musique, tel tableau de Goya dans son éveil à la peinture, la folie du cinéma et la menace de la cécité, l'expérience en usine, la découverte des livres et des écrivains, l'amour de sa vie et les amitiés à éclipses (« on perd ses amis d'enfance comme on perd son enfance »...) sont quelques-uns des motifs pris dans cette tapisserie du souvenir.
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En matière de cinéma, de génériques de films certes, mais bien au-delà, dans ce qui fait la matière même d'une vie :
Choses vues, choses lues, rencontres, dialogues ou conversations, il semble tout emmagasiner, de par sa volonté ou en dépit de celle-ci. Et parce qu'il est un homme de haute culture, son capital de données, comme on le dit en informatique, s'enrichit des leçons, des appréciations et des jugements qu'il en tire. On peut appeler ça une forme de sagesse.
Mieux, ce qu'il a ainsi retenu, voilà qu'il s'en délivre soudain, au soir de sa vie, pour nous offrir ce livre de souvenirs qui ressemble à un torrent où tournoient des centaines, des milliers de silhouettes, célèbres ou pas, des anecdotes en pagaille, plus savoureuses les unes que les autres, des portraits vitriolesques ou tendres, des jugements péremptoires, des émotions contradictoires parfois. Epoustouflant !
À ses Mémoires, Philippe d'Hugues a associé l'épithète d'intempestif. Retenons-la ! Selon son étymologie, est intempestif ce qui est hors de saison, ne prend pas sa place au moment qu'il convient. Parfait ! Tout pour combler notre auteur durablement fâché avec son époque, ses lâchetés, ses conformismes et qui, aux idées reçues, a toujours préféré l'inconfort des convictions qui l'éloignent de ses contemporains. Pourtant, sa carrière professionnelle nous paraît assez sage. Après avoir travaillé à l'Institut national d'études démographiques, il eut la bonne idée d'attraper la varicelle en mai 68 et d'en suivre les turbulences du fond de son lit. Où pouvait-on être mieux, en ces semaines-là, pour se garder de la tentation de trop d'espoirs fous, de slogans catégoriques et de sottises sans appel ?
Par la suite, il sera engagé comme chargé de mission au Centre national de la cinématographie. Le cocon rêvé, pour ce cinéphile impénitent, placé soudain au coeur du réacteur qui accompagnait et encourageait le 7e art. Mieux, il rejoindra aussi, un peu plus tard, le Conseil d'administration de la Cinémathèque. Et le temps lui sera laissé pour écrire, collaborer à diverses revues et signer des ouvrages de référence sur l'histoire du cinéma français qu'il connaît mieux que personne...
Mais basta ! Ce livre de mémoires, intempestif et torrentiel à la fois, est le joyau d'un misanthrope qui aima sans doute le cinéma plus encore que la vie et qui n'a pu s'empêcher de tout retenir et de tout nous livrer - jetant sur notre époque un regard singulier mais nous livrant surtout un témoignage fraternel. Frédéric Vitoux
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Après les émeutes du 10 août 1792 aux Tuileries, Charles Castier, blessé en défendant le roi, est hébergé par l'ambassadeur de Venise à Paris.
C'est là qu'il rencontre Camille de Saint-Cergue, à peine sortie du couvent. L'idylle se noue. Mais à Venise, Camille se lie bientôt avec Leonardo Moretto, jeune patricien épris d'absolu... La fresque s'agrandit brusquement : Bonaparte est au pont d'Arcole, diplomates et guerriers sont désormais aux prises. Devenus négociateurs, l'un au nom du Directoire, l'autre au nom de Venise, Charles et Leornado symbolisent les affrontements du romantisme naissant et d'un monde classique déjà crépusculaire.
Et Camille ressemble à Venise qui est au bord de l'effondrement : partagée jusqu'au drame, infiniment belle dans ses amours.
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Il me semble desormais que roger est en italie babel 335
Frédéric Vitoux
- Actes Sud
- Babel
- 4 Juin 1999
- 9782742717958
Bien entendu, il prit l'habitude d'aller quatre ou cinq fois par an en italie.
Il entreprit de l'explorer région par région, province par province. il mettait des mois à préparer ses itinéraires. il détestait l'imprévu. il écrivait aux aziende di turismo de chaque ville, il se faisait adresser tous les prospectus imaginables, il notait les horaires des cars, retenait des chambres dans les hôtels les plus modestes, non pas tant par économie que parce qu'il se moquait de l'intendance, de son confort ou du qu'en-dira-t-on.
Il mit à découvrir l'italie le même acharnement, la même inépuisable érudition, le même souci du détail, le même bonheur enfin qu'il éprouvait, critique de cinéma, à tout savoir et tout retenir de la filmographie d'henry king ou d'humphrey bogart.
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Jours inquiets dans l'île Saint-Louis
Frédéric Vitoux
- Fayard
- Litterature Francaise Fayard
- 4 Janvier 2012
- 9782213666631
Un paisible avocat, veuf depuis longtemps, retiré dans l'Île Saint-Louis, enclave villageoise au coeur de Paris, chargée d'histoire mais sans histoires, est témoin d'une agression perpétrée en pleine rue par un inconnu. Ce fait divers fait irruption dans sa vie et le bouleverse. Le suspect ne serait-il pas cet individu qui ne cesse de le poursuivre jusqu'à son domicile, de le harceler pour lui extorquer de l'argent ? Au même moment, la présence d'une jeune femme vient comme un antidote adoucir son cauchemar, égayer sa vie de célibataire d'un dernier flirt sans illusions.
La paix reviendra-t-elle dans l'île que la colère des manifestants et des défilés populaires, en cet automne 2010, ne semble pas inquiéter ?
On sort de ce roman intrigant, léger et profond à la fois, comme d'un film de Claude Sautet.Né en 1944, Frédéric Vitoux est essayiste et romancier. Il a récemment publié aux Editions Fayard Clarisse, Grand Hôtel Nelson, et, en coédition avec les Editions Plon, Le Dictionnaire amoureux des chats. -
Dans cet essai passionné et vagabond, Frédéric Vitoux, obsédé depuis des décennies par le peintre d'Olympia ou du Déjeuner sur l'herbe, explore les silences de cet homme dont ses proches aimaient l' « âme ensoleillée » mais qui cachait, barricadait même en lui tant de sombres secrets, sous une apparence irréprochable de grand bourgeois. Il interroge surtout son ouvre si étrangement somnambulique qui mettait en fureur ses contemporains et qui n'a cessé, depuis, de déconcerter ses admirateurs.
Voir Manet ! Tout est là
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" chaque écrivain, chaque intellectuel, chaque maître à penser veut désormais se mesurer à l'auteur du voyage, le jauger, le juger, l'accabler ou le louer ", estime frédéric vitoux, qui fut l'un des premiers à se risquer à cet exercice et qui pose aujourd'hui la question : " céline serait-il l'auteur le plus notoirement méconnu de la littérature moderne ? " ecrivain maudit ? il était célèbre dès la publication de voyage au bout de la nuit, en 1932.
Ecrivain controversé ? sa gloire n'a cessé de croître depuis sa mort, au point qu'il est aujourd'hui l'un des français les plus traduits dans le monde. ecrivain ordurier ? son style ajouré, éclaté comme de la dentelle, en fait aussi l'un des plus précieux de notre littérature. ecrivain consacré ? son oeuvre, à l'exception de ses deux premiers romans, reste largement ignorée. aborder sans jargon les singularités de l'écriture célinienne.
Raconter les principales étapes de sa vie. evoquer sans complaisance aucune le signataire de pamphlets antisémites d'une violence et d'une outrance telles qu'elles indignèrent ou décontenancèrent ses détracteurs comme ses amis : tel est le triple défi relevé par ce livre. etude objective et dépassionnée, céline, l'homme en colère se complète de témoignages, d'une bibliographie et d'un index.
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Il était une fois, dans le quartier Maubert, une femme transparente à force de banalité qui, tous les ans, revenait à la clinique vétérinaire du docteur Boubat pour faire opérer un chat de gouttière, tigré, aux yeux verts, âgé de neuf mois, qu'elle appelait invariablement Bouillon.
C'était au début des années cinquante. Le temps a passé. Le quartier Maubert s'est rénové et la clinique a vieilli. Les souvenirs ont pâli. L'horreur s'est parfois teintée de nostalgie. Et le docteur Boubat attendait - vainement - un interlocuteur qui puisse s'approprier sa mémoire et la fixer.
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La Venise des Vénitiens dans cet album qui ouvre les portes des palais, des maisons sur la lagune, des appartements modernes et des ateliers d'artisans.