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Littérature
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« J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait... »
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«Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination. Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire exister».
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«- Comment s'appellent-ils, ces trois-là ? - Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien. Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste : - Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort. Vous serez fusillé demain matin. Il regarda encore : - Les deux autres aussi, dit-il. - C'est pas possible, dit Juan. Pas moi. Le commandant le regarda d'un air étonné...»
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Un publiciste adultère fusillé pour avoir déserté, une jeune bourgeoise qui a noyé son enfant et poussé son amant au suicide, une employée des postes lesbienne qui a peut-être une mort sur la conscience : les trois se retrouvent en Enfer. Contrairement à ce qu'ils croyaient, l'Enfer n'est pas une chambre de torture mais un salon Second Empire où ils vont - éternellement - s'épier, se provoquer, tenter de se séduire et surtout se déchirer. On l'aura compris : «L'Enfer, c'est les Autres.» Créé en 1944, Huis clos illustre une réflexion philosophique menée par Sartre un an plus tôt dans L'Être et le Néant, en particulier sur le «regard de l'autre» qui me constitue en «esclave» vis-à-vis de lui. À ce titre, la pièce s'inscrit dans la tradition, vivace jusqu'après la guerre, du «théâtre d'idées». Mais, en interrogeant le sens même de l'existence par des dialogues de tous les jours, dans un décor bourgeois qui figure un univers irréel, elle annonce aussi le «théâtre de l'absurde» qui triomphera dans les années 1950. Comédie de boulevard à portée métaphysique, elle doit à cette vocation paradoxale d'être aujourd'hui encore, en France et à l'étranger, l'un des plus grands succès du théâtre français contemporain.
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La p... respectueuse ; morts sans sepulture
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 18 Février 2000
- 9782070368686
«Qu'est-ce que tu m'as fait? Tu colles à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur dans mes mains, j'ai ton odeur dans les narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement.) Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain.»
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Nouvelle extraite du recueil Le mur
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«Ivich regardait à ses pieds d'un air fermé.- Il doit m'arriver quelque chose.- Je sais, dit Mathieu, votre ligne de vie est brisée. Mais vous m'avez dit que vous n'y croyiez pas vraiment.- Non, je n'y crois pas vraiment... Et puis il y a aussi que je ne peux pas imaginer mon avenir. Il est barré.Elle se tut et Mathieu la regarda en silence. Sans avenir... Tout à coup il eut un mauvais goût dans la bouche et il sut qu'il tenait à Ivich de toutes ses forces. C'était vrai qu'elle n'avait pas d'avenir : Ivich à trente ans, Ivich à quarante ans, ça n'avait pas de sens. Il pensa : Elle n'est pas viable.»Le grand cycle des Chemins de la liberté comprend : L'âge de raison, Le sursis, La mort dans l'âme.
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Les mots et autres écrits autobiographiques
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 25 Mars 2010
- 9782070114146
Ce volume contient :
* Les Mots (1964) ;
* Écrits autobiographiques 1939-1963 :
- Carnets de la drôle de guerre (1939-1940) - Autour des « Carnets de la drôle de guerre » : Journal des 10 et 11 juin 1940 / La mort dans l'âme / Exercice du silence, 1942 / Journal du 12 au 14 juin et du 18 au 20 août 1940 ;
- La Reine Albemarle ou le dernier touriste (1951-1953) - Autour de « La Reine Albemarle » : Lettre à Olga Kosakiewicz / Préface au guide Nagel « Les Pays nordiques » + Première version de la préface au guide Nagel / Lettre à Simone Jolivet ;
- Retour sur les « Carnets de la drôle de guerre » (Notes de 1954-1955) : Cahier Lutèce / Relecture du Carnet 1 / « L'Apprentissage de la réalité » (Notes sur la guerre et sur la Libération) - Jean sans Terre (1955 ?) ;
- Portraits (1960-1961) : Paul Nizan / Merleau-Ponty + Merleau-Ponty (première version, manuscrite) ;
- Vers «Les Mots » (Notes et esquisses, 1953-1963) : Fragments initiaux / Développements abandonnés / Esquisses des « Mots» ;
* Appendices : Lettre à Simone Jolivet (1926) / Notes sur la prise de mescaline (1935) / Lettre à Simone de Beauvoir (10 mai 1940) / Apprendre la modestie (après 1947) / Sartre parle des « Mots » (1953-1975) / « J'écris pour dire que je n'écris plus » (sans date) ;
Édition publiée sous la direction de Jean-François Louette, avec la collaboration de Gilles Philippe et Juliette Simont.
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Oeuvres romanesques
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 13 Janvier 1982
- 9782070110025
Voici le sommaire de ce volume : - Préface, chronologie, note sur la présente édition. - La Nausée. Le Mur. Les Chemins de la liberté : I. L'Âge de raison ; II. Le Sursis ; III. La Mort dans l'âme ; IV. Drôle d'amitié. - Appendices : Dépaysement ; La Mort dans l'âme (fragments de journal) ; La Dernière Chance (fragments). - Notices, notes et variantes. Bibliographie générale. La part de l'inédit dans ce volume est importante. Elle est constituée d'abord par l'intégralité des passages de La Nausée supprimés par Sartre. Puis par la nouvelle Dépaysement retirée in extremis du recueil Le Mur. Par le journal de guerre intitulé La Mort dans l'âme. Enfin par des fragments de ce qui devait être le tome IV des Chemins de la liberté. Inédits aussi certains documents publiés avec les notes, comme la correspondance entre Sartre et son éditeur à propos de La Nausée et une précieuse série de lettres à Simone de Beauvoir concernant la rédaction de L'Âge de raison.
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Le diable et le bon dieu ; trois actes et onze tableaux
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 1 Mars 2000
- 9782070368693
« Goetz : Je prendrai la ville.
Catherine : Mais pourquoi ?
Goetz : Parce que c'est mal.
Catherine : Et pourquoi faire le Mal ?
Goetz : Parce que le Bien est déjà fait.
Catherine : Qui l'a fait ?
Goetz : Dieu le Père. Moi, j'invente. »
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Les séquestres d'Altona ; pièce en cinq actes
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 1 Mars 2000
- 9782070369386
«- La guerre, on le la fait pas : c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien : j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu, un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant...»
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Dans l'oeuvre dramatique de Sartre, bien et mal, volonté de résistance et esprit de résignation, héroïsme (réel ou joué) et lâcheté, victimes et bourreaux, idéalistes et réalistes dialoguent et s'opposent au fil de pièces qui empruntent à tous les genres sans en adopter aucun, voire en les détournant tous. Une grande diversité, donc, du moins en apparence : elle a pu masquer la profonde unité de l'oeuvre, qui est un théâtre de l'héroïsme et de sa démythification. Cette unité, il n'est pas certain que les spectateurs des «premières» aient eu le recul nécessaire pour la percevoir. L'édition qui paraît aujourd'hui permet d'en prendre conscience.
Même si Huis clos ne cesse d'être représenté avec succès, le théâtre de Sartre est un tnéâtre d'auteur et de lecture. Réunies dans une édition complète, accompagnées de scènes et de tableaux inédits, de témoignages sur les créations, de déclarations de Sartre et de ses proches, ces pièces qui furent comme le miroir d'un siècle aujourd'hui achevé peuvent désormais échapper à leur époque et être considérées d'un oeil nouveau, pour ce qu'elles sont : une interrogation, comparable à celles des mythes, sur la liberté de l'homme soumis à des situations extrêmes qui peuvent être, et qui sont, sa condition dans tous les temps.
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- Il m'a empoisonnée ?
- Eh oui, madame.
- Mais pourquoi ? pourquoi ?
- Vous le gêniez, répond la vieille dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre soeur.
Ève joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée :
- Et Lucette est amoureuse de lui !
La vieille dame prend alors une mine de circonstance :
- Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature ?
Machinalement, Ève se lève, se penche sur le registre et signe.
- Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement.
Ève hésite, puis s'informe :
- Mais où faut-il que j'aille ?
- Où vous voudrez. Les morts sont libres.
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Situations Tome 8 : novembre 1966 - janvier 1970
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 13 Avril 2023
- 9782073000101
Les articles réunis dans ce volume correspondent à une durée de quatre ans environ dans la vie de Sartre : on y retrouve au premier plan l'écho des événements qui se déroulèrent dans le monde ainsi qu'en France. Président du Tribunal Russell, Sartre est aux côtés du peuple vietnamien en lutte contre les États-Unis ; il soutient les intellectuels et le peuple tchécoslovaque dans leur révolte contre un socialisme absurde et dictatorial importé d'U.R.S.S. ; il essaie non sans peine ni déchirement de concilier son soutien à l'État d'Israël et les justes revendications du peuple palestinien. Surpris comme tout le monde par les événements de Mai 68, il en épouse cependant très vite la révolte anti-autoritaire et se met résolument aux côtés des étudiants, sensible à ce qu'il y a de neuf, ce mois de mai marquant une rupture nette ouvrant sur l'avenir de nouvelles perspectives ; il prit plaisir à voir le général de Gaulle et son régime mis à mal par les événements ou l'Université et ses sommités en butte à la contestation ; son plaisir ne fut pas moindre quand il put, aux Temps modernes, faire entendre la voix de la contestation contre la psychanalyse avec laquelle il avait, depuis longtemps, un compte à régler. Cela ne veut pas dire que le penseur, le philosophe qu'est Sartre ait disparu pour autant. Certes il n'occupe pas ici le devant de la scène, mais il travaille avec acharnement à compléter ce qui était conçu comme une somme : son Flaubert qui devait contenir tout Flaubert mais aussi tout Sartre.
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Originellement, cet ouvrage devait constituer l'introduction aux Oeuvres complètes de Jean Genet. Il est très vite devenu une réfl exion autonome, qui, à partir du cas de l'écrivain, s'ouvre à d'autres horizons, méthodologiques, critiques et philosophiques. Jean-Paul Sartre s'en est expliqué en ces termes, lors de la parution en 1952 : «Montrer les limites de l'interprétation psychanalytique et de l'explication marxiste et que seule la liberté peut rendre compte d'une personne en sa totalité, faire voir cette liberté aux prises avec le destin d'abord écrasée par ses fatalités puis se retournant sur elles pour les digérer peu à peu, prouver que le génie n'est pas un don mais l'issue qu'on invente dans les cas désespérés, retrouver le choix qu'un écrivain fait de lui-même, de sa vie et du sens de l'univers jusque dans les caractères formels de son style et de sa composition, jusque dans la structure de ses images, et dans la particularité de ses goûts, retracer en détail l'histoire d'une libération : voilà ce que j'ai voulu ; le lecteur dira si j'ai réussi.»
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«Encore un mot, Monsieur, un seul, et je m'en vais. Quoi ! vous, Français, fils et petit-fils de paysan français, et moi, l'apatride, l'hôte provisoire de la France ; vous l'honnêteté même, et moi le crime, par-dessus tous les vices et toutes les vertus, nous nous donnons la main, nous condamnons ensemble les juifs, les communistes et les idées subversives ? Il faut que notre accord ait une signification profonde. Cette signification, je la connais, Monsieur, et je vais vous la dire : nous respectons tous deux la propriété privée.»
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In this novel, Antoine Roquentin, an introspective historian, records the disturbing shifts in his perceptions and his struggle to restore meaning to life in a continuing present and without lies. This is Sartre's first published novel and his first extended essay on existential philosophy.
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De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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Situations Tome 7 : problèmes du marxisme, 2
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 18 Novembre 2021
- 9782072959448
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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« Il y a une crise de l'essai. L'élégance et la clarté semblent exiger que nous usions, en cette sorte d'ouvrages, d'une langue plus morte que le latin : celle de Voltaire. Mais si nous tentons vraiment d'exprimer nos pensées d'aujourd'hui par le moyen d'un langage d'hier, que de métaphores, que de circonlocutions, que d'images imprécises : on se croirait revenu au temps de Delille. Certains comme Alain, comme Paulhan, tenteront d'économiser les mots et le temps, de resserrer, au moyen d'ellipses nombreuses, le développement abondant et fleuri qui est le propre de cette langue. Mais alors, que d'obscurité. Tout est recouvert d'un vernis agaçant, dont le miroitement cache les idées. Le roman contemporain... a trouvé son style. Reste à trouver celui de l'essai. Et je dirai aussi celui de la critique ; car je n'ignore pas, en écrivant ces lignes, que j'utilise un instrument périmé que la tradition universitaire a conservé jusqu'à nous. » Jean-Paul Sartre.
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Situations Tome 3 ; littérature et engagement
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 25 Novembre 2013
- 9782070143276
Dans son essai Qu'est-ce que la littérature ? (1947), Sartre analyse les différents rôles que cette activité a tenus dans la société française, du XVIIe à la Seconde Guerre mondiale, et explique les raisons qui l'ont poussé à opter pour la littérature engagée ; il se prépare résolument à « avoir le monde entier sur la tête », selon l'expression de Jean Paulhan, parfois au détriment de son oeuvre propre - articles sur la futur naissance d'Israël (1948), sur la guerre d'Indochine (1949), appartenance au Rassemblement démocratique révolutionnaire dans l'espoir de contribuer à conjurer la menace de « guerre atomique » entre l'Union Soviétique et les États-Unis. Il continue néanmoins à s'intéresser à d'autres aspects de la littérature, à Franz Kafka, à Nathalie Sarraute, aussi bien qu'aux poètes de la Négritude, à l'art de Giacometti comme à l'avenir de la culture.
Nouvelle édition revue et augmentée par Arlette Elkaim Sartre
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Situations Tome 5 : colonialisme et néo-colonialisme
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 10 Juin 1964
- 9782070257751
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes : Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde ; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois : le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes ; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice : Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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La reine Albemarle ou le dernier touriste
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 17 Octobre 1991
- 9782070723737
«Dans ces pages qui parlent de l'Italie - dans celles sur Venise surtout, mélancoliques ou lancinantes -, Sartre, mieux que dans un journal intime, exprime son rapport à la beauté, au temps, à la mort et, finalement, la saveur de son existence; on y perçoit en filigrane les sources subjectives de sa recherche philosophique. Jamais, sauf peut-être dans La nausée, il ne s'est servi plus subtilement du pouvoir envoûtant des mots, qui permet le don.J'ai voulu quelque chose avec La reine Albemarle, et puis j'ai abandonné, disait-il. Ce quelque chose, n'était-ce pas avant tout que ses journées italiennes d'octobre 1951, telles qu'il les a déposées sur le papier, encore vivantes, ne se soient pas pour lui seul écoulées; que, recueillies par des lecteurs, elles fassent partie désormais de leur expérience, presque de leurs souvenirs?»Arlette Elkaïm-Sartre.
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L'idiot de la famille (gustave flaubert de 1821 a 1857) t.1
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 14 Avril 1988
- 9782070711901
«Que peut-on savoir d'un homme aujourd'hui?» Par l'incessant mouvement de la méthode «progressive-régressive», des écrits à l'homme et de l'homme à l'histoire, L'Idiot de la famille traque Flaubert pour reconstituer en totalité compréhensible tout ce qu'on sait de lui. Loin de le réduire à l'état de pur objet d'étude, Sartre, sans indulgence mais presque amical, tourne autour de son sujet jusqu'au vertige, jusqu'au point de compréhension extrême où le biographe, comme étourdi par son propre manège, est bien près de se livrer lui-même. Et néanmoins c'est la subjectivité vivante de Gustave Flaubert que l'on sent restituée, le goût singulier de sa névrose.