Jean Paul Sartre
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L'existentialisme est un humanisme
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio Essais
- 23 Janvier 1996
- 9782070329137
«Beaucoup pourront s'étonner de ce qu'on parle ici d'humanisme. [ ... ] Nous entendons par existentialisme une doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par ailleurs, déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine. [ ... ] L' existential isme n'est pas autre chose qu'un effort pour tirer toutes les conséquences d'une position athée cohérente. Il ne cherche pas du tout à plonger l'homme dans le désespoir. Mais si l'on appelle, comme les chrétiens, désespoir toute attitude d'incroyance, il part du désespoir originel. L'existentialisme n'est pas tellement un athéisme au sens où il s'épuiserait à démontrer que Dieu n'existe pas. Il déclare plutôt : même si Dieu existait, ça ne changerait rien ; voilà notre point de vue. Non pas que nous croyions que Dieu existe, mais nous pensons que le problème n'est pas celui de son existence ; il faut que l'homme se retrouve lui-même et se persuade que rien ne peut le sauver de lui-même, fût-ce une preuve valable de l'existence de Dieu. En ce sens, l'existentialisme est un optimisme, une doctrine d'action.»
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«Garcin : - Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je com prends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres.»
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« J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait... »
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«Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination. Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire exister».
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«Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! À quoi cela servirait-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang.»
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«- Comment s'appellent-ils, ces trois-là ? - Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien. Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste : - Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort. Vous serez fusillé demain matin. Il regarda encore : - Les deux autres aussi, dit-il. - C'est pas possible, dit Juan. Pas moi. Le commandant le regarda d'un air étonné...»
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Un publiciste adultère fusillé pour avoir déserté, une jeune bourgeoise qui a noyé son enfant et poussé son amant au suicide, une employée des postes lesbienne qui a peut-être une mort sur la conscience : les trois se retrouvent en Enfer. Contrairement à ce qu'ils croyaient, l'Enfer n'est pas une chambre de torture mais un salon Second Empire où ils vont - éternellement - s'épier, se provoquer, tenter de se séduire et surtout se déchirer. On l'aura compris : «L'Enfer, c'est les Autres.» Créé en 1944, Huis clos illustre une réflexion philosophique menée par Sartre un an plus tôt dans L'Être et le Néant, en particulier sur le «regard de l'autre» qui me constitue en «esclave» vis-à-vis de lui. À ce titre, la pièce s'inscrit dans la tradition, vivace jusqu'après la guerre, du «théâtre d'idées». Mais, en interrogeant le sens même de l'existence par des dialogues de tous les jours, dans un décor bourgeois qui figure un univers irréel, elle annonce aussi le «théâtre de l'absurde» qui triomphera dans les années 1950. Comédie de boulevard à portée métaphysique, elle doit à cette vocation paradoxale d'être aujourd'hui encore, en France et à l'étranger, l'un des plus grands succès du théâtre français contemporain.
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La p... respectueuse ; morts sans sepulture
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 18 Février 2000
- 9782070368686
«Qu'est-ce que tu m'as fait? Tu colles à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur dans mes mains, j'ai ton odeur dans les narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement.) Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain.»
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Nouvelle extraite du recueil Le mur
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«Écriture et lecture sont les deux faces d'un même fait d'histoire et la liberté à laquelle l'écrivain nous convie, ce n'est pas une pure conscience abstraite d'être libre. Elle n'est pas, à proprement parler, elle se conquiert dans une situation historique ; chaque livre propose une libération concrète à partir d'une aliénation particulière... Et puisque les libertés de l'auteur et du lecteur se cherchent et s'affectent à travers un monde, on peut dire aussi bien que c'est le choix fait par l'auteur d'un certain aspect du monde qui décide du lecteur, et réciproquement que c'est en choisissant son lecteur que l'écrivain décide de son sujet. Ainsi tous les ouvrages de l'esprit contiennent en eux-mêmes l'image du lecteur auquel ils sont destinés.»Jean-Paul Sartre.
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«Si un homme attribue tout ou partie des malheurs du pays et de ses propres malheurs à la présence d'éléments juifs dans la communauté, s'il propose de remédier à cet état de choses en privant les juifs de certains de leurs droits ou en les écartant de certaines fonctions économiques et sociales ou en les expulsant du territoire ou en les exterminant tous, on dit qu'il a des opinions antisémites. Ce mot d'opinion fait rêver...» Jean-Paul Sartre.
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Pourquoi rééditer ce petit livre paru en 1972 alors que nous vivons à une époque marquée par un désenchantement généralisé à l'égard des intellectuels ? Parce qu'il était nécessaire de rappeler la définition de l'«intellectuel universel» défendue par Sartre. Comme celle-ci a été souvent caricaturée, il fallait revenir à la source et mettre en relief ses lignes de force. Jean-Paul Sartre pose ici trois questions importantes - et tente d'y répondre : qu'est-ce qu'un intellectuel ? Quelle est sa fonction ? L'écrivain est-il un intellectuel ? Point de repère pour comprendre ce que sont devenus les intellectuels depuis les années 1970, ce plaidoyer offre aussi des arguments à ceux qui veulent encore défendre leur cause aujourd'hui.
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«Ivich regardait à ses pieds d'un air fermé.- Il doit m'arriver quelque chose.- Je sais, dit Mathieu, votre ligne de vie est brisée. Mais vous m'avez dit que vous n'y croyiez pas vraiment.- Non, je n'y crois pas vraiment... Et puis il y a aussi que je ne peux pas imaginer mon avenir. Il est barré.Elle se tut et Mathieu la regarda en silence. Sans avenir... Tout à coup il eut un mauvais goût dans la bouche et il sut qu'il tenait à Ivich de toutes ses forces. C'était vrai qu'elle n'avait pas d'avenir : Ivich à trente ans, Ivich à quarante ans, ça n'avait pas de sens. Il pensa : Elle n'est pas viable.»Le grand cycle des Chemins de la liberté comprend : L'âge de raison, Le sursis, La mort dans l'âme.
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L'imaginaire ; psychologie phénoménologique de l'imagination
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio Essais
- 12 Novembre 1986
- 9782070323746
Dans L'imagination (1936), Sartre avait mené une analyse critique des théories de l'image mentale depuis Descartes. L'imaginaire, qu'il écrivit à la suite, tente d'abord ce qu'il appelle une «phénoménologie» de l'image, c'est-à-dire qu'il inventorie et conceptualise tout ce qu'une réflexion directe, voire subjective, peut apprendre de certain sur la conscience imageante ; il écarte donc les théories de ses prédécesseurs tout en se servant, souvent contre eux, de leurs observations concrètes, aussi bien que de sa propre subjectivité. Puis il en vient au probable, à savoir à ses propres hypothèses sur la nature de l'image mentale, ce qui l'amène à se poser des questions qui débordent la psychologie phénoménologique : Cette possibilité qu'a la conscience de se donner un objet absent est-elle contingente ? Quel est son rapport avec la pensée ? avec le symbole ? Que représente l'imaginaire dans la vie de la conscience, dans notre position du réel ? Et enfin quelle est la réalité de l'oeuvre d'art, cet irréel ?
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«L'avion s'était posé. Daladier sortit péniblement de la carlingue et mit le pied sur l'échelle ; il était blême. Il y eut une clameur énorme et les gens se mirent à courir, crevant le cordon de police, emportant les barrières... Ils criaient Vive la France ! Vive l'Angleterre ! Vive la Paix !, ils portaient des drapeaux et des bouquets. Daladier s'était arrêté sur le premier échelon : il les regardait avec stupeur. Il se tourna vers Léger et dit entre ses dents : - Les cons !»
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Le diable et le bon dieu ; trois actes et onze tableaux
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 1 Mars 2000
- 9782070368693
« Goetz : Je prendrai la ville.
Catherine : Mais pourquoi ?
Goetz : Parce que c'est mal.
Catherine : Et pourquoi faire le Mal ?
Goetz : Parce que le Bien est déjà fait.
Catherine : Qui l'a fait ?
Goetz : Dieu le Père. Moi, j'invente. »
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«Ils sont vivants mais la mort les a touchés : quelque chose est fini ; la défaite a fait tomber du mur l'étagère aux valeurs. Pendant que Daniel, à Paris, célèbre le triomphe de la mauvaise conscience, Mathieu, dans un village de Lorraine, fait l'inventaire des dégâts : Paix, Progrès, Raison, Droit, Démocratie, Patrie, tout est en miettes, on ne pourra jamais recoller les morceaux. Mais quelque chose commence aussi : sans route, sans références ni lettres d'introduction, sans même avoir compris ce qui leur est arrivé, ils se mettent en marche, simplement parce qu'ils survivent.» Jean-Paul Sartre.
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Les séquestres d'Altona ; pièce en cinq actes
Jean-Paul Sartre
- Folio
- Folio
- 1 Mars 2000
- 9782070369386
«- La guerre, on le la fait pas : c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien : j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu, un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant...»
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- Il m'a empoisonnée ?
- Eh oui, madame.
- Mais pourquoi ? pourquoi ?
- Vous le gêniez, répond la vieille dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre soeur.
Ève joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée :
- Et Lucette est amoureuse de lui !
La vieille dame prend alors une mine de circonstance :
- Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature ?
Machinalement, Ève se lève, se penche sur le registre et signe.
- Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement.
Ève hésite, puis s'informe :
- Mais où faut-il que j'aille ?
- Où vous voudrez. Les morts sont libres.
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« Écoute !... Écoute le bruit de leurs ailes, pareil au ronflement d'une forge. Elles nous entourent, Oreste. Elles nous guettent ; tout à l'heure elles s'abattront sur nous, et je sentirai mille pattes gluantes sur mon corps. Où fuir, Oreste ? » Ces mouches, ce sont les remords qui ont fondu sur la ville d'Argos lorsque la reine Clytemnestre et son amant Égisthe ont assassiné Agamemnon à son retour de la guerre de Troie, au su de tout le peuple.
Depuis, Argos offre un paysage moribond, des habitants rasant les murs, vivant dans la crainte et le repentir. La princesse Électre, réduite en esclavage, rumine des rêves de révolte.
C'est alors que surgit Oreste, de retour dans sa ville natale. Poussé par sa soeur, il décide de venger leur père en tuant ses assassins, et bouleverse ainsi soudainement l'ordre des choses.
Véritable célébration de la liberté d'agir des individus et appel à l'action de résistance, le texte de Sartre trouvait, en 1943, un écho vibrant.
Quelques exemples saillants pris dans le dossier :
- Je découvre - Retour dans le passé : le spectateur contemporain des Mouches - « Plus on s'enfonce dans la guerre, plus il devient difficile d'aller au théâtre : le couvre-feu imposé par les occupants oblige à avancer à 19h30 le début des représentations pour que les spectateurs puissent attraper le dernier métro à 23h. » - J'analyse - « La pièce n'est pas un appel direct à la résistance - la censure ne l'aurait de toutes façons pas permis -, mais nombreux sont sans doute les spectateurs qui ont entendu l'exhortation d'Oreste à cesser de craindre l'oppresseur et à se dresser face au mal. » - Nous avons la parole - « Dans l'équipe qui met en scène une pièce de théâtre le scénographe et le costumier [...] jouent un rôle essentiel.
Leurs choix, en accord avec le metteur en scène, vont permettre de créer l'atmosphère de la pièce. Un certain nombre de questions se posent : doit-on créer à la lettre ce qui est décrit dans les didascalies ?
On se rend vite compte que les possibilités sont multiples. Doit-on davantage en recréer l'esprit, avec par exemple un décor très abstrait ?
» - Prolongements - Le Justicier, tableau de mauvais goût de Martial Raysse, La mémoire de René Magritte, Madeleine pénitente du Caravage, La mort du Patriarche de Niki de Saint Phalle, I am sorry de Roy Lichtenstein...
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Esquisse d'une théorie des émotions
Jean-Paul Sartre
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche References
- 1 Juillet 2000
- 9782253904656
Un des grands classiques de la philosophie contemporaine, à la fois bref, dense et clair.
Les années 1930 ont été la grande période de formation du Jean-Paul Sartre philosophe. Il y a expérimenté les outils intellectuels qui seront les siens plus tard et élaboré des concepts qui fonderont sa vision du monde.
Sous l'influence de Husserl, il poursuit ses recherches philosophiques personnelles, puis décide, en 1937, "de mettre à jour (ses) idées en commençant un grand livre, La Psyché ", ouvrage qui demeurera inachevé mais dont il détachera la partie liminaire, publiée en 1939 sous le titre Esquisse d'une théorie des émotions.
Ce magistral exposé a formé à la réflexion psychologique des générations d'apprentis-philosophes au lycée ou en faculté. On y trouve l'un des textes introductifs les plus sûrs qui aient été écrits pour faire connaître en France la phénoménologie allemande - et tout particulièrement la pensée de Husserl qui devait profondément rénover les conceptions puis l'enseignement de la philosophie.
A partir d'une critique des théories psychologiques traditionnelles, Sartre en vient à définir l'émotion non comme un simple mécanisme affectif mais comme un « mode d'existence de la conscience ». Se réclamant ainsi ouvertement de la phénoménologie, Sartre entend restituer l'unité et la cohérence des comportements humains à partir d'un exemple privilégié. Cette perspective rationnelle et globalisante annonce déjà les grands thèmes de la pensée sartrienne.
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L'intervention du philosophe s'avère, ici, distincte autant de celle du critique que de celle du psychologue (médecin ou non-médecin) comme du sociologue. Car il ne s'agira pour lui, ni de peser au trébuchet la poésie baudelairienne (portant sur elle un jugement de valeur ou s'appliquant à en offrir une clé), ni d'analyser, comme on ferait d'un phénomène du monde physique, la personne du poète des Fleurs du Mal. Tenter, bien au contraire, de revivre par l'intérieur au lieu de n'en considérer que les dehors (c'est-à-dire:soi-même l'examinant du dehors) ce que fut l'expérience de Baudelaire, prototype quasi légendaire du «poète maudit»...
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«Encore un mot, Monsieur, un seul, et je m'en vais. Quoi ! vous, Français, fils et petit-fils de paysan français, et moi, l'apatride, l'hôte provisoire de la France ; vous l'honnêteté même, et moi le crime, par-dessus tous les vices et toutes les vertus, nous nous donnons la main, nous condamnons ensemble les juifs, les communistes et les idées subversives ? Il faut que notre accord ait une signification profonde. Cette signification, je la connais, Monsieur, et je vais vous la dire : nous respectons tous deux la propriété privée.»