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Collection Minuit Double: Les incontournables
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Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d'entre eux. Reste à savoir s'ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.
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Sait-il, vraiment, Simon Nardis, qu'il rate son train pour ne pas laisser passer sa chance ? Une chance double, celle de retrouver la musique qu'il avait perdue et la femme qu'il n'espérait plus. Seulement voilà, qui dit train dit horaire, qui dit horaire dit morale, qui dit morale dit vie conjugale. Simon Nardis était déjà marié.
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La fille qu'on appelle
Tanguy Viel
Coup de coeur- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 5 Janvier 2023
- 9782707348401
« Alors, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Avec la lumière du soleil qui maintenant frappait le sol et les meubles de vieux bois marqueté, avec l'ombre des croisillons aux fenêtres qui dessinait comme un quadrillage penché sur l'épaisse moquette, elle a fini par dire qu'elle était revenue tout récemment, que pour l'instant elle logeait chez son père et qu'elle avait déposé un dossier pour un logement mais que peut-être il pourrait appuyer sa demande et que voilà, ce serait formidable pour elle si... » -
L'attente comprend deux phases, l'ennui et l'angoisse. La pièce comprend donc deux actes, l'un grotesque, l'autre grave.
Préoccupé de peu de choses hormis ses chaussures, la perspective de se pendre au seul arbre qui rompt la monotonie du paysage et Vladimir, son compagnon d'infortune, Estragon attend. Il attend Godot comme un sauveur. Mais pas plus que Vladimir, il ne connaît Godot. Aucun ne sait au juste de quoi ce mystérieux personnage doit les sauver, si ce n'est peut-être, justement, de l'horrible attente. Liés par un étrange rapport de force et de tendresse, ils se haranguent l'un et l'autre et s'affublent de surnoms ridicules. Outre que ces diminutifs suggèrent que Godot pourrait bien être une synthèse qui ne se réalisera qu'au prix d'un anéantissement, Didi et Gogo portent en leur sein la répétition, tout comme le discours de Lucky, disque rayé qui figure le piétinement incessant auquel se réduit toute tentative de production de sens.
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La bataille du Silence
Vercors
Coup de coeur- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 3 Octobre 2024
- 9782707355225
« Quand, après la défaite de 1940, les nazis occupèrent la France, les écrivains français se trouvèrent aussitôt réduits soit à collaborer, soit à se taire. Et c'est pour leur permettre de s'exprimer quand même à l'insu de l'ennemi que furent fondées les Éditions de Minuit. »
Vercors
Alors que l'on commémore le 80e anniversaire de la Libération de la France et que les derniers témoins disparaissent, il était urgent de republier les mémoires de Vercors, auteur du Silence de la mer et co-fondateur des Éditions de Minuit avec Pierre de Lescure en 1942. Il y raconte l'histoire devenue mythique d'une maison d'édition clandestine dans Paris occupé, dédiée à la diffusion d'une parole et d'une pensée interdites de circulation. On y retrouve les écrivains et poètes Paul Eluard, Louis Aragon, Jean Paulhan, François Mauriac, Robert Desnos... mais aussi les imprimeurs, typographes, relieuses, et cette foule discrète d'anonymes qui participèrent à son activité clandestine et eurent un rôle crucial dans la Résistance. Un prodigieux récit à la première personne qui retrace, mois après mois - jusqu'à la Libération de Paris - cette aventure de résistance éditoriale et intellectuelle sans équivalent. -
Aurais-je été résistant ou bourreau ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 3 Mars 2022
- 9782707347794
Pour quelqu'un de ma génération, né après la Seconde Guerre mondiale et désireux de savoir comment il se serait comporté en de telles circonstances, il n'existe pas d'autre solution que de voyager dans le temps et de vivre soi-même à cette époque. Je me propose donc ici, en reconstituant en détail l'existence qui aurait été la mienne si j'étais né trente ans plus tôt, d'examiner les choix auxquels j'aurais été confronté, les décisions que j'aurais dû prendre, les erreurs que j'aurais commises et le destin qui aurait été le mien.
Bien qu'impossible (peut-être même parce qu'impossible, tant la théorie littéraire s'est habituée à avoir réponse à tout...), l'exercice s'avère passionnant. Il conduit à lentement nous rapprocher de ce qui constitue le véritable objet de cet essai, à savoir le «point de bascule». À quel moment un individu passe-t-il d'un côté ou de l'autre de la zone grise où chacun se contente de cultiver son jardin ?
Jean-Louis Jeannelle, Le Monde -
Aucun de nous ne reviendra - Auschwitz et après I
Charlotte Delbo
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 4 Octobre 2018
- 9782707344939
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu.
« Une voix qui chuchote, déchirante. Un chuchotement à fleur de vie et d'horreur. Cette voix une fois entendue vous obsède, ne vous quitte plus. Je ne connais pas d'oeuvre comparable à celle de Charlotte Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et brouillard, même pudeur, même déchirure, même atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays étranger à lui-même. »
François Bott, L'Express, 1970 -
L'Établi, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, «s'établissaient» dans les usines ou les docks. Celui qui parle, ici a passé une année, comme O S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais L'Établi, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage.
Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production -
Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d"anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
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Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec.
Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit. -
Il était temps de devenir propriétaires. Soucieux de notre empreinte environnementale, nous voulions une construction peu énergivore, bâtie en matériaux durables. Aux confins de la ville se tramaient des écoquartiers. Notre choix s'est porté sur une petite commune en plein essor. Nous étions sûrs de réaliser un bon investissement.
Plusieurs mois avant de déménager, nous avons mesuré nos meubles, découpé des bouts de papier pour les représenter à l'échelle. Sur la table de la cuisine, nous déroulions les plans des architectes, et nous jouions à déplacer la bibliothèque, le canapé, à la recherche des emplacements les plus astucieux. Nous étions impatients de vivre enfin chez nous.
Et peut-être aurions-nous réalisé notre rêve si, une semaine après notre installation, les Lecoq n'avaient emménagé de l'autre côté du mur. -
Ça raconte Sarah
Pauline Delabroy-Allard
Coup de coeur- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 5 Mars 2020
- 9782707346162
Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d'une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l'allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l'étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d'une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.
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Depuis qu'il y a des hommes et qu'ils pensent, ils ont chacun écrit l'histoire dans leur langage : au masculin. "Si les mots qualifiés sont de genre différents, l'adjectif se met au masculin pluriel" (Grévisse).
Les Guérillères s'écrivent comme sujet collectif à la troisième personne du féminin pluriel. Dans les lacunes des textes magistraux qu'on nous a donnés à lire jusqu'ici, les bribes d'un autre texte apparaissent, le négatif ou plutôt l'envers des premiers, dévoilant soudain une force et une violence que de longs siècles d'oppression ont rendu explosives. -
« Pour Le Corps lesbien j'étais face à la nécessité d'écrire un livre entièrement lesbien dans sa thématique, son vocabulaire et sa texture, un livre lesbien du début à la fin, de la première à la quatrième de couverture. Je me trouvais par conséquent devant une double béance : celle de la page blanche que doivent affronter tous les écrivains lorsqu'ils commencent un livre, et une autre de nature différente : il n'existait aucun livre de ce genre. Jamais je n'ai relevé un défi aussi radical. Pouvais-je tenter cela ? En étais-je seulement capable ? Et quel serait alors ce livre ? J'ai gardé le manuscrit six mois dans un tiroir avant de le donner à mon éditeur. » Monique Wittig
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Lorsque luc est parti, ses parents, jean et marthe, ont pensé que c'était mieux pour eux trois.
Gilbert et geneviève, son oncle et sa tante, eux aussi ils y ont cru. mais pas céline, sa cousine. elle, c'est la seule qui n'a pas été surprise, la seule à avoir craint que ce qui en luc les menaçait finisse par s'abattre sur eux. -
Jean, mon frère, venait d'acheter un voilier et m'invitait à passer quelques jours en mer. Je n'étais pas certain que ce soit une bonne idée que nous partions en vacances ensemble.
Quand je dis « nous », je ne pensais pas à Jean.
Je pensais à Jeanne.
À Jeanne et moi. -
Histoires de la nuit
Laurent Mauvignier
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 6 Janvier 2022
- 9782707347268
Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu'occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu'une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années.
On s'active, on se prépare pour l'anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se prépare, des inconnus rôdent autour de la maison. -
Constance étant oisive, on va lui trouver de quoi s'occuper. Des bords de Seine aux rives de la mer Jaune, en passant par les fins fonds de la Creuse, rien ne devrait l'empêcher d'accomplir sa mission. Seul problème : le personnel chargé de son encadrement n'est pas toujours très bien organisé.
Autour de l'enlèvement de Constance, son héroïne, l'écrivain tisse un dispositif romanesque complexe et génial. Voyage entre Paris, Pyongyang et la Creuse. -
Apprendre à finir
Laurent Mauvignier
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 31 Décembre 2003
- 9782707318572
Il avait dit : ici, je n'en peux plus. Avec toi je ne peux plus. Alors après son accident, les semaines dans la chambre blanche, son retour à la maison pour la convalescence, ça a été comme une nouvelle chance pour elle, pour eux. Elle a repris confiance et elle s'est dit, je serai celle qui donnera tout, des fleurs, mon temps, tout. Pour que tout puisse recommencer.
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La Malaisie, ce serait la belle vie si le duc Pons ne risquait de s'en voir chassé. Cette idée n'est pas supportable : plutôt que renoncer au pouvoir, au grand air, à ses projets astronomiques, le duc choisit la résistance. D'Europe il va faire venir des renforts, à bord d'un cargo cypriote.
Ces renforts, à Paris, viennent d'affronter des épreuves redoublées, des amours parallèles. Ils n'en peuvent plus. Supérieurement fourbus par le décalage horaire, ils jouent aux dés en attendant d'aller se battre. -
Dans ce livre, tout se passe pour la première fois. Marin découvre le monde et le monde découvre Marin. Marin ou une partie de Marin peut se dissoudre dans l'eau et s'élever dans l'air. Marin est hypnotisé par un chat. Marin oblige la mer à s'aplatir. Marin mange du poisson et Marin mange de la terre. Le riz fait rire Marin. Marin ou une partie de Marin s'enfuit en carrousel. Qui est Marin et de quoi est-il fait ? À ces deux questions, il n'existe qu'une réponse. Mais l'auteur préfère donner sa langue au crapaud-buffle.
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Un tramway relie une ville de province à la plage voisine, distante d'une quinzaine de kilomètres. Aux heures matinales, il fait accessoirement office de ramassage scolaire. Ses allées et venues d'un terminus à l'autre entre les ondulations des vignes ponctuent le cours des vies, avec leurs menus ou cruels événements. Les lieux où se déroule l'action sont principalement le bord de mer, une maison de campagne, la ville qui peu à peu se modernise, un court de tennis. Dans sa fragilité, la vie s'acharne par ailleurs à poursuivre son cours à travers les dédales des couloirs et des pavillons d'un hôpital, et d'infimes coïncidences amènent parfois les deux trajets à se confondre.
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Vie de Gérard Fulmard
Jean Echenoz, Dominique Pinon
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 6 Octobre 2022
- 9782707348098
La carrière de Gérard Fulmard n'a pas assez retenu l'attention du public. Peut-être était-il temps qu'on en dresse les grandes lignes.
Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s'est retrouvé enrôlé au titre d'homme de main dans un parti politique mineur où s'aiguisent, comme partout, les complots et les passions.
Autant dire qu'il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l'a fait, qu'il est tombé là par hasard, c'est oublier que le hasard est souvent l'ignorance des causes. -
* Roman écrit en français entre 1947 et 1948.
« De même que Dante chemine de cercle en cercle pour atteindre son Enfer ou son Paradis, de même Samuel Beckett situe-t-il, chacun dans un cercle bien distinct, les trois principaux protagonistes des romans de sa trilogie, Molloy, Malone meurt et L'Innommable, afin qu'ils atteignent, peut-être, le néant auquel ils aspirent. D'un roman à l'autre, ce cercle est de plus en plus réduit.
Si Molloy est enfermé dans un cercle, c'est celui-là même de son récit cyclique qui commence par la fin et se termine au commencement. Molloy n'est pas confiné dans un seul lieu, il possède encore un relatif degré de mobilité malgré sa mauvaise jambe. À bicyclette d'abord, muni de béquilles ensuite, puis ne pouvant plus que ramper, le voilà parti à la recherche de sa mère, dit-il. N'est-il pas plutôt en quête de lui-même, ou bien d'une certitude qui lui échappe toujours ?
Dans la deuxième partie du roman, la boucle que décrit la trajectoire de Molloy se dédouble : c'est le rapport, cyclique aussi, que rédige Moran. Détective de l'agence Youdi, Moran a reçu l'ordre de se lancer à la recherche de Molloy. Lorsque Moran entame sa poursuite, il est en pleine possession de tous ses moyens physiques, de toutes ses certitudes. Au fil de sa quête, peu à peu son état se modifie profondément et se détériore à tous égards : Moran va ressembler de plus en plus à Molloy lui-même. Moran trouvera-t-il Molloy ? Ne seraient-ils que deux facettes d'une seule et même personne ? Les deux boucles de leurs trajectoires respectives vont peut-être finir par se rencontrer pour former l'image du huit horizontal, signe de l'infini recommencement d'une impossible quête de soi. »