Boualem Sansal
Il faut en finir avec ces bêtes immondes, avec ces barbares des temps obscurs, ces porteurs de ténèbres, oublier les serments pleins d'orgueil et de morgue qu'ils ont réussi à nous extorquer au sortir de ces années de guerre. La lumière n'est pas avec eux et les lendemains ne chantent jamais que pour les hommes libres.
Le serment des barbares, 2001
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«Dès son premier roman Boualem Sansal a imposé la puissance d'une littérature écrite à la lumière des Lumières, portée par le miracle d'une langue réinventée. En Algérie, nous sommes analphabètes trilingues : nous avons perdu le français à cause de l'arabisation forcée, l'arabe est peu ou mal enseigné, nous avons perdu le kabyle et nos langues ancestrales. Le seul langage qui reste à la plupart, c'est la violence. Le romancier, lui, dispose de la langue, cette langue exaltée, magnifiée par la solitude rougeoyante de la forge où se forment les phrases.» Jean-Marie Laclavetine.
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Poste restante : Alger ; lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes
Boualem Sansal
- Folio
- Folio
- 13 Mars 2008
- 9782070355501
«En France, où vivent beaucoup de nos compatriotes, les uns physiquement, les autres par le truchement de la parabole, rien ne va et tout le monde le crie à longueur de journée, à la face du monde, à commencer par la télé. Dieu, quelle misère ! Les banlieues retournées, les bagnoles incendiées, le chômage endémique, le racisme comme au bon vieux temps, le froid sibérien, les sans-abri, l'ETA, le FLNC, les islamistes, les inondations, l'article 4 et ses dégâts collatéraux, les réseaux pédophiles, le gouffre de la sécurité sociale, la dette publique, les délocalisations, les grèves à répétition, le tsunami des clandestins... Mon Dieu, mais dans quel pays vivent-ils, ces pauvres Français ? Un pays en guerre civile, une dictature obscure, une République bananière ou préislamique ? À leur place, j'émigrerais en Algérie, il y fait chaud, on rase gratis et on a des lunettes pour non-voyants.»
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Paolo fait partie des rares humains, «les Appelés», choisis par une puissance mystérieuse pour recevoir et diffuser un message simple et terrible : dans 780 jours la présence des hommes sur la Terre prendra fin. Une minorité d'élus sera alors sauvée et conduite en lieu sûr, sur une autre planète. Les Appelés doivent profiter du délai imparti pour choisir les êtres dignes de confiance qui pourront participer, loin de la Terre, à la fondation d'une humanité nouvelle. Mais comment faire pour écarter de la sélection les humains qui ont fait la preuve de leur nocivité : les puissants, les politiciens, les mafieux, les religieux de toutes obédiences ? Paolo et les Appelés parviendront-ils à empêcher cette lie de l'humanité de monter, le jour venu, à bord de l'immense vaisseau spatial qui viendra chercher les élus ? On retrouve ici la verve caustique et gouailleuse de Boualem Sansal, marque de fabrique d'un écrivain très singulier dont l'audience est désormais internationale.
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Le village de l'allemand ou le journal des frères Schiller
Boualem Sansal
- Folio
- Folio
- 10 Septembre 2009
- 9782070396993
Les deux narrateurs sont deux frères, Malrich et Rachel, nés de mère algérienne et d'un père allemand, Hans Schiller. Tous deux ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994,. le GIA massacre une partie de la population du bourg. Pour l'aîné, le deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père. En effet, Hans Schiller, chimiste de valeur avant la guerre, a rejoint le parti nazi puis la Waffen SS. Affecté à Auschwitz, il a participé activement à l'extermination de milliers de personnes. À la fin de la guerre, comme beaucoup d'officiers et de scientifiques nazis, il a pu s'échapper via la Turquie vers l'Égypte, où ses compétences ont été utilisées. Puis Nasser l'a « prêté » au FLN algérien naissant. Après l'indépendance, il s'est installé à Aïn Deb, où il a fondé une famille, et où il jouissait du prestigieux titre de moudjahid.
Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République. « À ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles. » En croisant les journaux des deux frères, dont les natures sont aussi divergentes qu'intimement liées, Boualem Sansal livre un dialogue posthume haletant, qui mêle le désespoir et l'humour, l'abattement et l'énergie, et parvient à faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante.
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Lettre d'amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre
Boualem Sansal
- GALLIMARD
- Hors Serie Connaissance
- 7 Octobre 2021
- 9782072958212
«Pourquoi les humains sont-ils si bêtes ? Pourquoi se laissent-ils traîner par le bout du nez ? Les ânes ont de longues oreilles ridicules par lesquelles ils se font bêtement attraper, mais quand ils ne veulent pas avancer, rien ne peut les forcer à obéir.»Boualem Sansal adresse aux peuples et aux nations de la terre un manifeste athée, plein d'un humour féroce et rageur, pour les appeler à sortir de l'âge des dieux et à entrer dans celui des hommes. L'humanité doit trouver le moyen de résister aux forces qui la détruisent : les religions et leurs sempiternelles pénitences, l'argent tout-puissant, les passions guerrières, ou encore la malbouffe omniprésente sur la planète, symptômes indubitables d'un effondrement des civilisations.Après un rappel des errements et des crimes du passé, le grand écrivain algérien propose une «Constitution universelle» censée servir de base à la République mondiale qu'il appelle de ses voeux, qui fédérerait les peuples et les nations enfin libres.Il est temps, nous dit-il, de choisir la vie.
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Petit éloge de la mémoire ; quatre mille et une années de nostalgie
Boualem Sansal
- Folio
- Folio 2 Euros
- 4 Janvier 2007
- 9782070341269
«C'est le plus lointain, celui que j'aime à explorer, qui me donne le plus de frissons. Écoutez-moi raconter mon pays, l'Égypte, la mère du monde. Remplissez bien votre clepsydre, le voyage compte quatre mille et une années et il n'y a pas de halte. Jadis, en ces temps fort lointains, avant la Malédiction, j'ai vécu en Égypte au temps de Pharaon. J'y suis né et c'est là que je suis mort, bien avancé en âge...»
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Une maison que le temps ronge comme à regret. Des fantômes et de vieux souvenirs que l'on voit apparaître et disparaître. Une ville erratique qui se déglingue par ennui, par laisser-aller, par peur de la vie. Un quartier, Rampe Valée, qui semble ne plus avoir de raison d'être. Et partout dans les rues houleuses d'Alger des islamistes, des gouvernants prêts à tout, et des lâches qui les soutiennent au péril de leur âme. Des hommes surtout, les femmes n'ayant pas le droit d'avoir de sentiment ni de se promener. Des jeunes, absents jusqu'à l'insolence, qui rêvent, dos aux murs, de la Terre promise. C'est l'univers excessif et affreusement banal dans lequel vit Lamia, avec pour quotidien solitude et folie douce. Mais voilà qu'une jeune écervelée, arrivée d'un autre monde, vient frapper à sa porte. Elle dit s'appeler Chérifa, s'installe, sème la pagaille et bon gré mal gré va lui donner à penser, à se rebeller, à aimer, à croire en cette vie que Lamia avait fini par oublier et haïr.
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L'Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yolah sur terre. Son système est fondé sur l'amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Mais un homme, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur un peuple de renégats qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion. Au fil d'un récit plein d'inventions cocasses ou inquiétantes, Boualem Sansal s'inscrit dans la filiation d'Orwell pour brocarder les dérives et l'hypocrisie du radicalisme religieux.
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Gouverner au nom d'Allah ; islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe
Boualem Sansal
- Folio
- Folio
- 4 Novembre 2016
- 9782072697005
«Nous les avons accueillis avec sympathie, un brin amusés par leur accoutrement folklorique. Quelques années plus tard, nous découvrîmes presque à l'improviste que cet islamisme qui nous paraissait si pauvrement insignifiant s'était répandu dans tout le pays.» Boualem Sansal, l'une des grandes voix de la littérature algérienne, s'interroge sur les acteurs de la propagation de l'islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les médias, «la rue arabe»... Il questionne aussi l'échec de l'intégration dans les pays d'accueil des émigrés. Une synthèse engagée, documentée, des prises de position humanistes qui dénoncent à la fois le pouvoir militaire algérien et le totalitarisme islamiste.
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Dans le sinistre bagne de Lambèse, en Algérie, de nos jours, deux détenus condamnés à mort dialoguent : un Français, Pierre Chaumet, et un Algérien, Farid.Pierre est né en 1957, à Vialar (aujourd'hui Tissemsilt). Revenu clandestinement en Algérie afin de retrouver sa mère, qui l'a abandonné à sa naissance, il a découvert un pays qui n'en finit pas de vivre avec des fantômes. Il a découvert, surtout, des vérités dangereuses sur certains aspects de la guerre d'Indépendance.Farid, lui, a participé aux atrocités commises par les islamistes ou par ceux qui les ont cyniquement utilisés.Pendant que Pierre et Farid discutent de la vie et de l'Algérie, une commission internationale des droits de l'homme s'apprête à visiter le pénitencier. L'administration de Lambèse est sur les dents...On retrouve ici la verve rabelaisienne, l'humour féroce, les morceaux de bravoure hilarants et caustiques qui faisaient le prix du Serment des barbares. À la fois réquisitoire et satire, le roman étonne et réjouit par sa truculence, sa verve iconoclaste et sa profondeur, loin des clichés larmoyants et des plaidoyers emphatiques sur les droits de l'homme et l'Algérie contemporaine.
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"La parole de Dieu est une, elle tourne inlassablement dans l'univers, d'un infini Si l'autre, créant vie et mouvement, mais l'homme, cette glaise imparfaite, entend mal, il faut tout lui répéter, encore et encore. C'est la mission des prophètes et leur liste ne sera jamais close. C'est ce que je comprenais de mes précepteurs." En 1916, alors que le premier conflit mondial s'étend au Moyen-Orient, Terah, un vieux patriarche chaldéen, ayant compris que son fils Abram est la réincarnation d'Abraham, le charge de conduire la tribu vers la Terre promise, comme jadis son ancêtre de la Genèse.
Au terme de ce long périple, Abram parviendra-t-il à fonder la cinquième Alliance, susceptible de guider les hommes et d'apaiser leurs maux ? En ces temps de retour angoissé aux questionnements religieux, Boualem Sansal est de ces écrivains qui accompagnent les élans spirituels et illustrent leurs dérives. En actualisant l'histoire ancienne de la Genèse dans le but d'éclairer nos temps obscurs, il nous offre ici une parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse.
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«Père m'observait minutieusement pendant que nous visitions les monuments religieux, investis par des foules fiévreuses, comme s'il attendait une réaction spécifique de ma part. Il disait que je le connaissais, ce monde disparu, que dans une vie antérieure je l'avais bouleversé par ma prophétie.» En 1916, alors que la Première Guerre mondiale s'étend au Moyen-Orient, Terah, un vieux patriarche, voit en son fils Abram la réincarnation d'Abraham. Il le charge de conduire la tribu vers la Terre promise. Au terme de ce long périple, Abram parviendra-t-il à fonder la cinquième Alliance, susceptible de guider les hommes et d'apaiser leurs maux ? En actualisant l'histoire ancienne de la Genèse, Boualem Sansal nous offre ici une parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse.
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France, qu'as-tu fait de ta langue ? A l'heure où triomphe le globish, il fallait Boualem Sansal pour lancer ce cri d'alerte qui est aussi un cri d'amour. Contre la domination du prêt-à-blablater, voici un appel nous disant pourquoi et comment la francophonie peut et doit réenchanter le monde.
S'emparant du genre classique, en apparence désuet, en réalité puissant de la conversation, Boualem Sansal fait ici s'entretenir un vieux maître et son jeune disciple.
En l'occurrence un journaliste inquiet de ce qui se passe en France.
Pourquoi la langue cristallise-t-elle l'histoire ? Comment détermine-t-elle la culture ?
En quoi façonne-t-elle l'identité ? Pour quelle raison, lorsqu'elle est agressée, survient une perte de souveraineté ? Par quel sursaut, alors qu'elle est menacée de disparition, peut-on la sauver ? Et s'il s'agissait de ressusciter les contes et les légendes qui ont forgé l'âme du pays ?
Une magnifique défense et illustration, camusienne, de la langue française. -
Héritière d'un puissant empire industriel, Ute Von Ebert vit à Erlingen, une bourgade cossue du sud de l'Allemagne. Sa fille Hannah, vingt-six ans, habite à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique, Ute lui raconte la vie dans Erlingen tombée sous la coupe d'un ennemi fanatique : ceux qu'elle appelle « les Serviteurs » ont imposé comme loi unique la soumission à leur dieu. Fébriles, les habitants d'Erlingen espèrent l'arrivée d'un train par lequel fuir la ville assiégée. Mais le train du salut ne vient pas. Et si cette histoire était le fruit d'un esprit fantasque et inquiet, qui observe les ravages de la propagation d'une foi sectaire dans les démocraties fatiguées ? Comme dans 2084, Boualem Sansal décrit la mainmise de l'extrémisme religieux sur les zones fragiles de nos sociétés, favorisée par la lâcheté ou l'aveuglement des dirigeants.
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«Tout est douteux à Rouiba, son opulence autant que sa prétention d'être le poumon économique de la capitale. L'agriculture est un vice qui n'a plus de troupes. L'industrie bricole dans le vacarme et la gabegie. Les rapports d'experts le proclament ; mais qui les lit ? Le commerce est mort de mort violente, les mercantis lui ont ôté jusqu'à la patente. À ceux qui s'en inquiètent, des nostalgiques de la mamelle socialiste ou des sans-le-sou, les bazaris jurent que c'est l'économie de marché et que ça a du bon. Leurs complices du gouvernement, qui ont fini de chanter la dictature du prolétariat, apportent de l'eau à leur moulin en discourant jusqu'à se ruiner le gosier. Et si le Coran, le règlement et la pommade sont de la conversation, ce n'est pour ces camelotiers ruisselant de bagou qu'artifices pour emmancher le pigeon et boire son jus. Soyons justes, on ne saurait être commerçant florissant et se tenir éloigné de l'infamie ; l'environnement est mafieux, le mal contagieux ; un saint troquerait son auréole pour un étal [...] Les rapports avaient prévu la dérive ; mais qui les a lus ? Ainsi était Rouiba ; il y a peu.»
Une épopée rabelaisienne dans l'Algérie d'aujourd'hui.